Contribution à l’étude du thermalisme dans les Pyrénées Orientales

Les bains de Nossa : bibliographie et rappel historique

A la mémoire d’une source oubliée et d’un paysage englouti : les bains de Nossa.

Situés près de Vinça, les bains de Nossa attirent des baignades depuis longtemps, une tradition qui remonte à l’époque où les moines de St Michel de Cuxa venaient profiter des eaux.

Au XVIIIe siècle, Thomas Carrère (1714-1764) a réalisé, entre 1754 et 1756, un inventaire des eaux minérales du Roussillon, conservé à la bibliothèque de Perpignan sous le titre « Traité des eaux minérales du Roussillon », édité à Perpignan en 1856.

Il est également utile de lire Barthélémy Carrère (1746-1802) pour son voyage pittoresque à travers la province du Roussillon, accessible dans les archives bibliographiques.

Thomas Carrère a été le premier à conduire une étude scientifique des eaux minérales et thermales des Pyrénées Orientales.

De nouvelles explorations

Entre 1826 et 1830, l’écrivain et graveur Melling, accompagné du géographe J.A. Cervini de Malerata, a exploré la chaîne pyrénéenne. Leurs voyages ont donné lieu à « Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et les départements adjacents » publié chez Treuttel et Wartz à Paris (comprenant 72 gravures, cartes et textes). Dans ce livre, les bains de Nossa sont mentionnés dans la section sur Villefranche, Vallée de la Têt (page 75). Les enquêtes de Carrère et les récits de voyages dans les Pyrénées atteste de l’existence d’une source thermale et du début de son exploitation.

J.F. Anglada, professeur de chimie à l’Université de Perpignan et médecin-chef de l’armée des Pyrénées-Orientales, a continuellement approfondi les recherches sur les eaux thermales des P.-O., notamment celles d’Arles. Son fils, Joseph Anglada, professeur de médecine générale et de chimie à l’Université de Montpellier, a véritablement mis en lumière les ressources thermales de ce département. Il a publié en 1833 « Traité des eaux minérales et des établissements thermaux des Pyrénées Orientales » en deux tomes, qui apportent une analyse exhaustive des eaux de Nossa, abordant son histoire, sa position et ses propriétés physico-chimiques.

Des auteurs notables et leurs contributions

Henri Aragon, dans son guide des stations climatiques et thermales de la Cerdagne et des Vallées du Tech et de la Têt (pages 217 à 223), a décrit les caractéristiques des eaux de Nossa et partagé les informations d’Anglada.

Puis, Pierre Vidal, géographe et membre de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, a publié en 1879 à Perpignan « Guide historique et pittoresque dans le département des Pyrénées-Orientales ». Sur la page 334, il reprend les commentaires d’Anglada en apportant des descriptions sur les bains de Nossa, bien qu’il se concentre davantage sur la zoologie et la flore que sur les analyses des eaux.

Le docteur Louis Porcheron a également élaboré un guide médical en 1911, « Les Villes d’Eaux et les Stations Climatiques françaises », ayant connu six rééditions mentionnant les bains de Nossa.

Développement économique et déclin

La mise en valeur commerciale des bains de Nossa est le résultat des efforts de Sébastien Escanyé, élu maire de Vinça en 1806, qui considérait ces bains comme un symbole de prestige et un moteur de développement économique pour sa commune. Il a contribué à transformer les bains en un établissement construit entre 1810 et 1812. Cependant, un vandalisme a eu lieu en janvier 1814, déclenché par son choix de faire payer l’accès aux bains, autrefois gratuit. Malgré ces oppositions, Escanyé a continué à être régulièrement nommé maire.

Escanyé a acquis la propriété des bains par son mariage. La famille de sa femme avait possédé les bains, acquises précédemment comme biens nationaux durant la Révolution. Des découvertes archéologiques dans les bains, notamment une dalle ancienne, témoignent de leur histoire. Les bains de Nossa, malgré diverses améliorations, n’ont jamais atteint un véritable essor commercial.

La vente et la fermeture

Les bains de Nossa ont été vendus à la famille Batlle, restée propriétaire jusqu’en 1924, lorsqu’ils furent rachetés par la famille Gadel qui avait cessé leur exploitation en 1932. Toutefois, ils ont perduré en tant que lieu de promenade et de festivités, préservant leur rôle lors du mercredi des cendres et des carnavals, une tradition depuis le XVIIIe siècle.

La Revue d’Ille et d’ailleurs, signée par Jean Tosti dans son numéro d’octobre 1987, retrace les évolutions des bains et leur disparition, bien que la source ait été sauvegardée. Malheureusement, en 1975, les bains ont été détruits à cause de la construction du barrage de Vinça.

Réminiscences et avenir

En mai 2010, Jacqueline Gadel-Roncionero a évoqué dans la revue « Nissaga » le « petit paradis » que représentait le site avant 1975, avec une description de ses jardins, parc et paysage jusqu’au Canigou. D’autres articles ont également traité de leur destruction, notamment un dans L’Indépendant, parlant de la fin des bains et des festivités.

Henri Salvayre, dans son livre « Le livre des eaux souterraines des Pyrénées Orientales», aborde les eaux thermales de la Vallée de la Têt et spécifiquement les bains de Nossa, notant un regain d’intérêt potentiel pour leur réutilisation après des investigations récentes. Bien que le paysage ait changé, le mystère des eaux pourrait encore offrir de nouvelles possibilités.

Enfin, plusieurs ouvrages écrits fin XVIIIe et début XIXe confirment l’importante documentation sur les bains de Nossa.

Bibliographie générale

Voici quelques références où les bains de Nossa sont mentionnés entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe :

  • Thomas CARRERE : né en 1714, a rédigé en 1756 le Traité des eaux minérales du Roussillon.
  • Pierre Joseph BUC’HOZ : Dictionnaire minéralogique et hydrologique de la France, 1772 (page 392).
  • Alexandre du MEGE : Statistique générale des départements pyrénéens, 1839.
  • Brian de VERZE et WARIN Thierry : Dictionnaire géographique de la France, 1839.
  • Eusèbe GIRAULT de SAINT FARGEAU : Guide pittoresque du voyageur, 1838.
  • Panorama pittoresque de la France, 1839.

Ces ouvrages illustrent bien le parcours des bains de Nossa, confirmant leur importance historique et thermale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *