Agenda Culturel

 

 

 

 

 

 

Colloque Soins

 

 

Les soins en Roussillon de 1500 à nos jours

Ouverture

19 novembre 2013 : Institut Jean Vigo salle Marcel Oms, Arsenal

19 h. FILM « Le moine et la sorcière »

Suzanne SCHIFFMAN, France, 1987, 1 h 38

Partie scientifique Maison des Pays catalans 20 novembre  2013

9 h.     Accueil et présentation par le Président du colloque : Jean-Marcel Goger,

Professeur d'Histoire contemporaine à l'Université de Perpignan-Via Domitia.

9 h 30. L’enseignement de la médecine et de la chirurgie à l’université de Perpignan (1760/1793).

Michelle Pernelle.

Archiviste de la ville de Perpignan.              

1e session Les traitements

10 h. Histoire de quelques apothicaires perpignanais au travers de l’évolution de leur statut de 1322 à la Révolution française.

Andrée Oms.

D’après la thèse François Jonquères, présentée en 1994 à la faculté de pharmacie de Montpellier.

Les corporations de Perpignan ont été organisées en 1322 : nous exposerons comment, à partir de cette date-là, le métier d'apothicaire a-t-il évolué? Quelle est la place des apothicaires dans la société perpignanaise ? Comment peuvent-ils se distinguer de l'ensemble des épiciers ? Et enfin, le rattachement du Roussillon à la France a-t-il modifié l'exercice de ce métier ?

10 h 30. La thérapeutique au XIXe siècle était-elle efficace ?

Claude Belmas.

Docteur en médecine en retraite ayant exercé comme généraliste à Perpignan ; travaille depuis plusieurs années sur des archives médicales ; sortie prochaine aux éditions Trabucaires de "Les Massina ou la médecine rurale en Roussillon au XIXe".

11 h. Du traditionnel au rationnel, histoire de l’évolution des traitements et de la confiance.

Frédéric Moutard-Martin.

Docteur en Pharmacie / IAE Paris / Certificat d'études Statistiques Appliquées à la Médecine (CESAM).

Avec l'avènement de la démarche scientifique et l'utilisation des statistiques, l'utilisation des traitements médicamenteux est passée de la croyance à la confiance éclairée par la connaissance de la physiopathologie et de leur mode d'action. L'information des usagers est devenue une obligation pour les professionnels de santé et un sujet porteur pour les médias. L'ère du doute, mise en exergue par le principe de précaution adopté dans notre constitution impacte le domaine de la santé. Elle se cristallise en particulier sur les médicaments génériques ou la polémique fait rage, l'émotion faisant place à la raison.

11 h 30. DEBAT

2e session Se soigner

14 h 30. La littérature médicale des stations de cures thermales au XIXème, son évolution, son absorption dans celle du tourisme de santé au XXème, sa dilution dans la promotion publicitaire des stations.

Jean-Louis ROURE.

Ancien directeur de l’IUPTHS de l’université de Perpignan.

15 h. Se soigner au début du XXe siècle dans L’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Madeleine Souche.

Agrégée d’histoire, docteur en histoire.

Avec le développement de la presse, le grand medium du début du XXe siècle, l’information médicale et pharmaceutique, textuelle et iconographique trouve sa place dans le journal local, médecins et pharmaciens multiplient régulièrement les annonces dans le quotidien du département. Quels sont les problèmes de santé d’alors, quelle automédication, sous la forme de spécialités, L’Indépendant des Pyrénées-Orientales propose à ses lecteurs de la Belle Époque?

15 h 30. Naissance et métamorphose d’un établissement de santé : la Perle cerdane Claude Abdelkader.

Directeur adjoint de la Perle cerdane.

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, les pouvoirs publics s’inquiètent de la mortalité importante provoquée par la tuberculose. Les représentants de cinq conseils généraux vont jeter les bases d’une institution inter-départementale vouée à la construction d’un établissement de cure. L’histoire du sanatorium d’Osseja commence par cette union en 1947, dans l’intérêt général.

16 h. Santé sans frontières : l’exemple de l’hôpital transfrontalier de Cerdagne

Martine Camiade.

Professeur des universités, Directrice de l'ICRESS, Université de Perpignan Via Domitia.

L'Hôpital transfrontalier est un projet pionnier en Europe. Pour la première fois, un hôpital est géré dès sa construction de manière transfrontalière. Il se situe à Puigcerdà, à deux kilomètres de la frontière. L'Europe finance 60% du projet ; le reste se partage entre la France (40%) et la Catalogne (60%).

L’établissement est destiné à pallier le manque d’hôpital dans une région de montagne comme la Cerdagne. Il vise à fournir, notamment des soins d’urgence et d’obstétrique qui ne peuvent être pris en charge qu’à plus de 100 km. L'hôpital est construit en territoire catalan, au lieu dit la "Plana de Rigolisa", sur un terrain de 17 000 m² mis à disposition par la mairie de Puigcerdà.

L'objectif est de garantir un niveau satisfaisant d’accessibilité à des services de soins de qualité, dans un esprit de complémentarité des services. Ses portes devraient ouvrir en 2014.

16 h 30          DEBAT

17 h.               SYNTHESE par Jean-Marcel Goger.


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LES SOINS EN ROUSSILLON DE 1500 À NOS JOURS.

Colloque APHPO, Maison des Pays catalans de l’UPVD, mercredi 20.11.2013.

Synthèse par Jean-Marcel  GOGER, professeur d’Histoire contemporaine à l’UPVD,

Membre du CRHISM EA 2984.

Consacré aux soins en Roussillon aux Temps modernes et contemporains, le colloque APHPO du 20.11.2013 a accueilli huit communications classables en quatre groupes de deux. Ces subdivisions abordent les thèmes suivants : premièrement, l’enseignement médical et ses traductions pratiques ; deuxièmement, les apothicaires et les pharmaciens ; troisièmement, la littérature à tonalité curative ; quatrièmement, les établissements de soins.

1.-L’ENSEIGNEMENT MÉDICAL ET SES TRADUCTIONS PRATIQUES.

Michelle PERNELLE a ouvert le colloque en évoquant l’enseignement de la médecine et de la chirurgie à l’Université de Perpignan, avec une focale sur l’horizon 1760-1793. Pour une meilleure compréhension, son analyse s’ancre cependant dans un balayage rapide de la période qui court de de 1369 à 1759.

En 1379, l’Université de Perpignan célèbre ses trente ans quand une bulle du pape Urbain VI y officialise l’enseignement de la médecine. Immédiatement, cette discipline contribue grandement au rayonnement de l’établissement. Pourtant, en 1394, les 380 étudiants s’orientent encore majoritairement vers la Faculté des Arts.

À la fin de 14e siècle, les maîtres et les étudiants sont des clercs tonsurés. Ils suivent des cours dispensés en ville. Le recrutement estudiantin s’étend depuis le Comminges jusqu’au  Pays valencien. En 1614, l’Université est affaiblie par l’installation d’un collège jésuite, sur l’actuelle place de la République : cette concurrence nouvelle affecte plus particulièrement les lettres et le latin.

En 1700, l’Université ne dispose plus de bâtiments particuliers. Elle résiste néanmoins, en s’appuyant sur un renom médical qui recherche le contrepoint à l’égard de Montpellier.

De 1727 à 1759, plusieurs médecins illustres s’emploient à renforcer la réputation scientifique des universitaires perpignanais.  En 1727, le médecin militaire Pierre Barrère rénove le Jardin des Plantes de la ville : spécialiste en botanique guyanaise et roussillonnaise, il sort l’hortus médicinal de l’hôpital et il l’installe sur des terrains militaires, près des fortifications à la Vauban qui cernent désormais le tour de ville. Ce déménagement cadre avec la volonté royale de limiter les importations de plantes hispano-américaines.

Au milieu du 18e siècle, la médecine s’affirme à l’Université de Perpignan, parce que l’initiative de Barrère est relayée par plusieurs médecins dynamiques et pédagogues, tels Joseph Carrère ou Joseph Seille. En mars 1759, Louis XV précise les conditions pour devenir chirurgien en Roussillon : il faut pour cela assister durant deux ans à des cours d‘anatomie, bandage, chirurgie et médecine à l’Université de la province.  Des stages avec cours complètent ensuite la formation, notamment pour les accouchements.

En 1764, Choiseul expulse les jésuites de France. En 1763, le commandant provincial Augustin-Joseph de Mailly obtient pour Perpignan la construction de bâtiments spécifiques pour l’Université. De style classique, le nouvel ensemble abrite quatre facultés, dont le recrutement est désormais recentré sur la Catalogne-nord. En 1765, 35% des 240 étudiants appartiennent à la Faculté de Médecine, soit 84 jeunes de 14 à 16 ans pour 5 maîtres. Sensible à l’influence de cette filière médicale, le comte de Mailly fait agrandir et enrichir le Jardin de Barrère. Conjointement, il équipe la nouvelle université avec une rotonde d’anatomie et une classe de médecine. En 1766 enfin, un jardin botanique avec serre est installé près de la porte ouest, laquelle ferme le site de l’actuelle place de Catalogne : l’auteur de cette réalisation est Gouan, alors responsable du Jardin botanique de Montpellier.

De Mailly constitue également un Cabinet d’Histoire naturelle,  lequel est plus tard repris dans un laboratoire d’anatomie. Pourtant, la formation perpignanaise continue à privilégier la botanique par rapport à la zoologie. À la veille de la Révolution, Raymond de St Sauveur inaugure un cours de chimie, mais les médecins pétitionnaires de 1790 se plaignent de l’insuffisance gestuelle des trente chirurgiens de la province. Bien que le conventionnel Joseph Cassanyes soit un chirurgien de Canet formé à Perpignan, ce dénigrement est imparable : en 1793, la Faculté de Médecine ferme avec son université. En 1795, les collections médicales sont malgré tout sauvées par le docteur Emmanuel Bonafos. Bien entretenues par ce grand médecin hospitalier,  elles sont remises en 1840 au Museum municipal d’Histoire naturelle de Perpignan.

 

La communication du docteur Claude BELMAS fait écho à la pétition sévère des médecins de 1790, non pour accabler l’ancienne université,  mais pour jeter un regard désabusé sur les résultats curatifs de la médecine entre 1800 et 1885. Cette description pessimiste est d’ailleurs engagée par une question qui laisse présager de ses réponses : la thérapeutique du 19e siècle était-elle efficace ? Quelles sont ses performances en Roussillon ?

Pour articuler son exposé, le docteur BELMAS utilise principalement les écrits du médecin François Massina. Celui-ci est né à Oms en 1833, dans une famille connue pour ses officiers de santé. En 1859, Napoléon III le décore pour ses services de chirurgien de Marine. Apôtre inlassable de la vaccination antivariolique, il est décoré sept fois par l’Académie de Médecine. Médecin civil au Fort de Bellegarde jusqu’en 1880, il est ensuite maire du Boulou, à une époque où l’électorat roussillonnais affectionne les praticiens.

Les papiers de Massina prouvent que la période 1800-1860 recourt encore beaucoup aux médications des Lumières. Sous Louis XVI, Félix Vic d’Azyr recense 800 thérapeutiques minérales, végétales ou animales. De ce nombre, il ne recommande que quatre remèdes : le kermès, le mercure, l’opium et le quinquina. Entre 1800 et 1830, l’Ecole de Vienne préconise les diagnostics, mais elle se défie des traitements. Repris par Bichat et Broussais,  cet art du non-agir nourrit une plaisanterie de carabin, maxime suivant laquelle les médicaments sont très utiles pour empoisonner les poissons.

La moitié des patients de Massina souffre de maladies infectieuses, avec une part écrasante pour la typhoïde et les atteintes pulmonaires. Faute d’une hygiène suffisante, les petits enfants sont décimés par le streptocoque de l’érysipèle. Après 1850 cependant, une éclaircie apparaît avec la diffusion des alcaloïdes, agents chimiques à tonalité basique. L’arbre ipéca du Brésil fournit ainsi de l’émétine vomitive, la digitale produit de la digitaline cardiotonique, le pavot apporte de l’opium anesthésiant.  Après 1865, Claude Bernard développe la médecine expérimentale, par des tests animaux qui portent sur le comment de la progression des maladies. Dans le même temps, les travaux d’Ignace Semmelweis ouvrent la voie à la prophylaxie, puis à la révolution pastorienne de 1885.

En attendant les améliorations décisives de 1865-1885, Massina tâtonne dans le marais des approximations hasardeuses.  Comme au temps de Molière et de Voltaire, il recourt fréquemment à la saignée. Il saigne par addition aux hémorragies pour décompresser les veines. Il prélève jusqu’à deux litres par séance. Il se défie de l’usage chamanique qui consiste à massacrer des animaux pour soulager le patient, mais il sacrifie une pauvre bête pour apaiser son épouse malade.

Avide lecteur et grand possesseur de livres,  il dresse un inventaire hétéroclite de remèdes, mais sa sagacité se perd dans tout ce bric-à-brac. Il accorde toutefois un important crédit aux boissons réconfortantes. Il adore prescrire des tisanes de glands, de sureau ou de valériane. Il y ajoute au besoin du sel bismuthé,  du fer ou de la corne de cerf. Il fait régulièrement boire du vin, pur ou mêlé de quinquina.  l administre encore du lait d’ânesse, des émulsions huileuses, des bouillons de poulet, d’escargots ou de grenouilles. Il recourt enfin aux lavements salés de camomille, sans oublier les suppositoires à la gousse d’ail.

En externe, il emploie souvent les fumigations. Il affectionne les cataplasmes au blanc d’œuf, au vinaigre, ou au pain grillé. Il introduit des poudres sur les plaies, ou sur les points qui sont susceptibles de raviver le métabolisme. Sans vraiment les rechercher, il se risque enfin dans les gestes mécaniques : les manœuvres d’accouchement mal aseptisées,  le réalignement des os abîmés, ou encore le risque des premières ponctions pleurales.

Confronté au flou d’un tel arsenal,  Massina en revient fréquemment aux méthodes qui sauvaient la réputation des hôpitaux d’Ancien Régime : quand les malades sont trop déréglés, il les purge et les soumet à la diète. Ensuite, si la sortie de crise s’amorce, il revigore les patients avec des bouillons consistants, du chocolat liquide, du lait et des viandes roboratives. Comme beaucoup de maux anciens conjuguent le surtravail et la mauvaise alimentation,  e tels remèdes ne peuvent guère nuire s’ils ne rétablissent pas suffisamment. Le médecin du 19e siècle trouve là une marge de sécurité pour garantir son  prestige de notable. Les fournisseurs de remèdes partagent d’ailleurs une fraction de cette surcote.

2.-APOTHICAIRES ET PHARMACIENS

Vers 1820, le vocabulaire usuel a consacré le pharmacien au détriment de l’apothicaire. Depuis 1620, le premier est un scientifique diplômé en préparations médicamenteuses. Inversement, l’apothicaire de 1260 était un boutiquier expert en mélanges pour potions et élixirs. Au 19è siècle, le mot apothicaire n’est  plus qu’un sobriquet dont les patients affublent parfois le pharmacien. Après 1885, les progrès scientifiques éloignent le pharmacien d’une telle moquerie. Pourtant, après 1990, le développement de la télématique est venu réactiver la plaisanterie par des rumeurs, semant l’embarras jusqu’au cœur des groupes pharmaceutiques.

En amont de cette actualité, Andrée OMS a évoqué les apothicaires au temps de leur splendeur. Elle a consacré sa communication aux apothicaires perpignanais de 1322 à 1789. Pour traiter ce thème,  elle s’est appuyée sur la thèse en pharmacie de François JONQUERES, un doctorat soutenu à l’Université de Montpellier I en 1994.

En 1172, Alphonse II d’Aragon prend possession du Roussillon. De 1213 à 1276, son petit-fils Jacques 1er le Conquérant agrandit ses états, tout en imposant le respect à Saint-Louis par le Traité de Corbeil, en 1258. À Perpignan, les apothicaires émergent dans les archives sous le règne de ce puissant souverain. En 1322, un acte consulaire de la ville cherche à définir plus précisément les contours des corps de métiers : deux ans plus tard, une ordonnance impose l’éclairage constant des boutiques d’apothicaires durant la nuit. En 1276, Jacques le Conquérant détache le Royaume de Majorque pour son fils cadet Jacques 1er, lequel règne jusqu’en 1311.

Sous Jacques 1er de Majorque, le statut des apothicaires perpignanais est davantage précisé. En 1381, un règlement réserve l’élaboration des remèdes à des apothicaires recrutés sur concours. Les candidats doivent être âgés de plus de vingt-quatre ans et avoir suivi six ans de formation. Le cursus est réduit à quatre ans pour les fils de maîtres.  En 1520, un édit de Charles Quint allonge les études à huit ans, une durée qui prévaut jusqu’en avril 1803. En 1387 de surcroît, les apothicaires sont rattachés au groupe des épiciers, une communauté qui tient le 6è rang des corporations à Perpignan.

À la fin du Moyen-Age, les apothicaires traversent une phase difficile, avec la reconquête aragonaise en 1344, puis l’occupation française entre 1462 et 1492. De 1640 à 1642, la guerre ravage encore le Roussillon, mais le 17e siècle présente des apothicaires bien stabilisés au sein de l’élite urbaine. Après l’annexion de 1659, l’administration française consolide cette position supérieure, en renforçant les règlements professionnels, et en soumettant les corporations à des jurés nommés par le roi.

Au 17e siècle, une boutique d'apothicaire jouxte les prestigieuses échoppes de menuisiers, rue de La Fusterie, donc de La Menuiserie. À cette époque, les Montoya sont d’illustres apothicaires. En 1679, Domingo et François Vernet sont diplômés comme apothicaires : le premier ne donne qu’un fils à la profession, mais le second apporte une longue dynastie au métier. En 1695, le clan Vernet reproche aux chirurgiens la prescription de poudres trop grossières.

Les apothicaires deviennent plus pointilleux parce que le Siècle classique renforce la sélection par concours. Le jury d’admission comprenait un apothicaire, un médecin et un négociant : les consuls de la ville s’y ajoutent et les épreuves deviennent publiques. Devant cet aréopage plus impressionnant, Joseph Montoya s’exprime en latin, tout en apprêtant un sirop de pavot blanc. En retour, les apothicaires visitent régulièrement l’hôpital, où ils font installer le Jardin des Plantes qui déménage en 1727.

Sous Louis XVI, l’amitié qui lie Turgot à Adam Smith assombrit ce bel horizon. En mars 1776, le ministre-économiste tente d’imposer la suppression des corporations. Comme l’écrit Michelet, Turgot finit renvoyé sous la vindicte des seigneurs et des épiciers. En 1779 toutefois, les apothicaires perpignanais profitent des incertitudes pour se séparer des épiciers, et pour s’imposer au premier rang corporatif. Se rapprochant des médecins et des juristes, ils essayent même de se hisser de la « main mineure » vers «la « main majeure ».

En juin 1791, la loi Le Chapelier interrompt cette ascension flatteuse. Hasard des évènements, qui ont voulu que le libéralisme économique résiste au choc de la Révolution française, bien défendu par les disciples de Turgot. Au nombre de ces derniers figure le Lozérien Jean-Antoine Chaptal, professeur de chimie à l’Université de Montpellier entre 1780 et 1790, chimiste industriel, et ministre de l’Intérieur entre 1801 et 1804.

Frédéric MOUTARD-MARTIN, docteur en pharmacie, dans sa communication met en évidence combien la confiance dans les thérapeutes et les traitements est un élément très important en raison de son impact sur l'efficacité et la tolérance des thérapeutiques mises en œuvre. Une revue brève de l'histoire des traitements médicamenteux laisse penser qu'avant l'avènement d'une démarche scientifique d'évaluation à la fin du XVIII siècle, cette confiance était dans de nombreux cas l'unique facteur d'efficacité de traitements qu'on pourrait qualifier de baroques. Leurs caractères exotiques (momie), mystérieux (bézoar), leur coût (pierre précieuses) pouvait influencer favorablement la confiance qui était placée en eux. La seconde moitié du XXe siècle a vu l'apogée de la recherche sur l'homme permettre avec l'aide des statistiques appliquées à la médecine, de sélectionner les médicament réellement actifs et abandonner ceux qui ne l'étaient pas, mettant au service des médecins et de leurs patients un arsenal thérapeutique qui a permis de faire progresser la santé de façon considérable. Paradoxalement, l'ère du doute semble de mise, de nombreuse sources d'informations non contrôlées (internet) et trop simplifiées (média) altèrent la confiance des patients dans leurs traitement alors que celle qu'ils accordent à leurs médecins et leurs pharmaciens reste très élevée. Un exemple d'occasion manquée est l'inquiétude suscitée en France par le recours aux médicaments génériques conduisant fréquemment au refus de ceux-ci au profit des médicaments princeps. Ce doute remet en question la validité des process d'évaluation de l'identité de la copie à l'original et parfois même l'intégrité des pharmaciens.

3.-LA LITTÉRATURE À TONALITÉ CURATIVE.

Intéressé par les livres qui captent les attentes thérapeutiques du lectorat profane, Jean-Louis ROURE a communiqué sur la littérature médicale des stations thermales au 19è siècle. Pour la période 1780 à 1930, il a recensé et étudié 320 ouvrages qui concernent ce thème. Dès 1776, le docteur Bonafos publie un Traité sur la composition chimique des eaux de la Preste, en vantant leur pouvoir de guérison auprès de l’Académie royale de Médecine. En 1833, Joseph Anglada complète ce travail. Médecin-chimiste à Montpellier, il recense les sources bienfaisantes du Roussillon, qu’elles soient exploitées ou exploitables. Intitulé Traité des eaux minérales et des établissements thermaux des Pyrénées-Orientales, la somme d’Anglada inspire la littérature du département catalan, de 1833 à 1850.

Les Grecs s’étant peu préoccupés des eaux curatives, le thermalisme roussillonnais a été valorisé par les Romains, à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains. À cet acquis de la romanité, la christianisation a ajouté ses sources miraculeuses, comme les eaux vouées à la Vierge de Font-Romeu. Durant le Moyen-Age,  les sites les plus attrayants ont été monopolisés par des monastères comme St Michel-de-Cuxa, ou par des seigneurs comme les propriétaires de Molitg. Avec la Révolution française, ce patrimoine passe de la tutelle religieuse et aristocratique à la médecine laïque. Ce déplacement favorise la prolifération d’une littérature qui promeut le thermal, d’abord avec des accents thérapeutiques, puis avec des arguments orientés vers la séduction touristique.

De 1798 à 1848, la voie ouverte par Bonafos et Anglada devient un genre littéraire. En 1798, le docteur Barrère publie Les indications médicales de Vernet-les Bains. En 1826, François Arago visite Vernet-les-Bains et plusieurs établissements thermaux, mais il n’utilise pas ses notes. En 1835, le géographe Abel  Hugo publie sa France pittoresque, laquelle recense avec précision les stations et les principales sources thermales des Pyrénées. Entre 1820 et 1848, plusieurs médecins ou pharmaciens de l’Aude et des Pyrénées-Orientales proposent des ouvrages sur les principales sources roussillonnaises. Durant toute cette période, les publications dédiées au thermalisme sont souvent rédigées par des médecins ou des pharmaciens chimistes. Ces professionnels conjuguent la recherche thérapeutique avec des considérations sur les paysages, la géologie et l’hydrographie.

En 1856, la littérature thermale à priorités médicales trouve sa consécration avec l’œuvre magistrale de Thomas Carrère, lequel réussit un recensement très complet des eaux minérales du Roussillon. Joseph, le frère de Thomas, publie de son côté un Voyage pittoresque en Roussillon, une production touristique dans laquelle il ne manque pas d’introduire des indications sur les bienfaits des sites thermaux.

De 1870 à 1880, les livres et les brochures qui traitent de thermalisme sont édités en grande abondance.  Durant cette décennie toutefois,  les auteurs imposent une scission dans les titres : sous la plume des médecins émerge un corpus plus strictement médical, tandis que les amateurs de curiosités réservent l’intégralité de leurs pages aux attraits touristiques.

Cette séparation est illustrée par deux ouvrages célèbres. Entre 1910 et 1914, le médecin Louis Porcheron place six éditions de l’énumération qu’il dresse sur Les villes d’eau et les stations climatiques françaises. Cet outil mentionne les buts d’excursions, mais les médecins l’utilisent surtout pour orienter leurs patients curistes. À l’opposé, le Guide Michelin insiste sur les commodités touristiques, en espérant favoriser ainsi la consommation des pneumatiques. Pour faire inscrire Vernet-les-Bains dans le guide, les dirigeants de la station doivent s’attribuer abusivement la gare de Villefranche-de-Conflent.

À la fin du 19e siècle, le chroniqueur catalan Emmanuel Brousse estime que la modernisation thermale suppose l’association de la science et du tourisme,  mais il est peu suivi. De fait, le tourisme commercial submerge désormais l’intention médicale. Ingénieur des Travaux publics, Edmond Bartissol rêve même de Grands Thermes perpignanais, en imaginant une dérivation par tuyaux des eaux du Boulou et de La Preste. Pourtant, les mentalités suivent mal cette mutation mercantile : à la veille de 1914, les journaux usuels regorgent en effet de publicités aux accents médicaux.

 

Sur la question des vignettes à prétentions curatives, Madeleine SOUCHE a proposé son étude sur les annonces des médecins et pharmaciens dans L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, au début du 20e siècle. Ces offres de services et ces messages publicitaires se traduisent à la fois par des textes et par des iconographies commentées.

En 1865, les journaux abordent la grande diffusion grâce à la première presse rotative du Philadelphien William Bullock. Entre 1897 et 1914, durant la « Belle Epoque », L’Indépendant des Pyrénées-Orientales participe à cette massification, qui traverse alors un véritable âge d’or.

Le journal paraît tous les jours sauf le lundi. Vendu à un sou le numéro, il écoule 21 000 exemplaires en 1914. Après les lois Ferry de l’été 1881, il dispose de libertés plus larges et d’une plus vaste réserve de lecteurs.

Simultanément, L’Indépendant multiplie les encarts publicitaires, pour subventionner son déploiement. Les publicités consacrées aux remèdes et aux conseils de santé assurent une part importante de cette réclame d’accompagnement. Les annonces ciblées sur les soins correspondent souvent aux nomenclatures du Codex medicorum : depuis 1651, ce recueil consigne la liste des formules et des médications validées par la loi.

À la veille de 1914, L’Indépendant agrandit son format et il augmente en conséquence le prix de ses annonces. Les annonceurs deviennent alors plus précis dans l’identification de leur clientèle : ils désirent connaître davantage les souffrances ambiantes, ainsi que les prédilections curatives des patients. Entre 1879 et 1914, malgré la persistance des misères sociales, les gouvernements républicains apportent une dose de mieux vivre aux populations.  L’hygiénisme compte énormément dans cette amélioration, si bien que les autorités érigent Pasteur en héros national. Les journaux comme L’Indépendant s’insèrent dans ce mouvement général, et leurs publicités incitent les lecteurs à l’automédication, pour soulager en contournant les frais de consultation.

Parmi les remèdes les plus affichés, L’Eau de Jouvence de l’abbé Gilbert Soury joue le rôle de vedette.  En 1764, le chanoine rouennais a en effet conçu un fluidifiant sanguin dont les héritiers ont méticuleusement propagé la renommée. Le  produit est particulièrement recommandé aux femmes lors du printemps. Ce dernier produirait une montée de sève chez les végétaux, et une profusion sanguine en physiologie animale ou humaine. Comme les dames seraient plus vulnérables face à ce flot sanguin, L’Eau de Jouvence aiderait à mieux préserver leur cerveau contre les afflux intempestifs.

Indépendamment de cet illustre réconfortant, la publicité picore dans la galerie des médicaments traditionnels. Le santal blanc guérit en huit jours les infections honteuses.  La poudre de Cock calme les maux d’estomac. À base de poivre d’Espagne, le thermogène apaise la toux en une nuit. L’eau du Boulou efface les malaises digestifs. Les vins corsés de plantes exotiques revigorent,  et le Byrrh les symbolise à lui seul.

Les publicités s’attardent aussi sur les bandes anti-hernies, sur les boulettes dentaires, sur les cachets et les doubles cupules à poudres. Elles proposent également des composés étrangers : la tisane du shaker américain Andrew Judson White, les pilules Pink de l’Ontario contre la grippe, la poudre de Cock de Louvain. En dépit d’un tel exotisme, beaucoup de remèdes sont élaborés par des laboratoires nationaux, des monastères français ou des officines locales. Plusieurs produits sont disponibles par correspondance. Connue en Roussillon, la pharmacie Lafont de Perpignan prend commande par téléphone, et elle livre à domicile.

Les publicités sanitaires abondent aux pages 3 et 4 du journal L’Indépendant.  Elles offrent des listes de patients satisfaits, et peuvent préciser leurs coordonnées. Elles manient l’humour par le dessin, avec des malades torturés, puis soudain réjouis par la cure. Pour le thermogène, l’affichiste Capiello se surpasse à la Stravinsky : son médicament devient un danseur vert, un athlète qui disperse les rhumes, les lumbagos et les rhumatismes. Cette vision optimiste de la lutte contre la maladie anticipe toutefois sur l’avenir. En 1914, les maladies graves conduisent toujours à un enfermement dans des hôpitaux austères, les sanatoriums en témoignent. Pourtant, après 1945, ces établissements eux mêmes connaissent leur Sacre du Printemps.


4.-ETABLISSEMENTS DE SOINS.

En 1945, l’exemple des logistiques sanitaires de l’US Army modifie la perception de l’hôpital. Centre d’accueil charitable au Moyen-Age, ce dernier avait été transformé en clôture contrainte après 1650. À la Libération, il devient un équipement plus ouvert, avec des résultats qui attirent en inspirant confiance. Directeur-adjoint de La Perle cerdane, Claude ABDELKADER a présenté un exposé qui illustre cette transition du second 20e siècle. Son propos montre comment La Perle cerdane été conçue comme un sanatorium, pour finalement devenir un centre de réadaptation, chargé d’accompagner les jeunes dans divers types de pathologies ou de handicaps.

Entre 1770 et 1945, le sanatorium s’est mué en lieu d’internement contraint, afin d’éloigner les risque contagieux des phtisiques, les tuberculeux pulmonaires. Ces derniers pouvaient toujours espérer dans les bienfaits de l’air pur, qu’il soit rural, maritime ou montagnard. Finalement, le sanatorium est un avatar des lazarets du Moyen-Age. Il  évoque aussi les hôpitaux généraux de Louis XIV, ou les Poor Houses de Victoria.

Le bacille tuberculeux s’apparente à celui de la lèpre en tant que micro-bactérie. Pourtant,  alors que le second prélude à l’hospitalisation forcée, le premier n’entraîne la coercition qu’après 1770.

À cette date, ce sont les Italiens qui font du sanatorium une clôture imposée. Les Anglais les imitent en 1814, les Allemands en 1859 et les Français de 1880 à 1919. Pourtant, vers 1850, sanatorium signifie encore cure d’air et de repos, séjour ouvert où la nature peut procurer la sanitatio, la guérison. Cette signification modérée apparaît encore en 1924, dans La montagne magique de Thomas Mann.

En 1882, l’Allemand Robert koch identifie le bacille tuberculeux. En 1921, l’Institut Pasteur de Lille découvre le vaccin qui immunise contre ce fléau : le BCG, le Bacille bilié de Calmette et Guérin.  Entre 1940 et 1952, la chimiothérapie y ajoute des instruments de guérison, comme la streptomycine de l’Américain Selman Waksman. La conception initiale de la Perle cerdane est prise de vitesse par les progrès venus d’Outre-Atlantique. Elle participe à l’effort sanitaire qui accompagne après 1945 la création de la Sécurité sociale, mais elle pense toujours relégation imposée, alors même que la chimiothérapie vient libérer les patients.

En 1947, cinq départements s’associent pour créer un sanatorium moderne en Cerdagne : le projet de La Perle cerdane est né. En 1949, les premiers plans sont dressés et le site d’Osséja est choisi. Cependant, la réalisation est retardée par les procédures. En 1950, le Lot et le Tarn se retirent et les terrassements démarrent péniblement en 1954. En 1956, les architectes Henri Avizon et Louis Arretche commencent à faire émerger une barre de 9 étages, 40 mètres de haut et 145 mètres de long.  Le président du Conseil Edgar Faure visite le chantier.

L’achèvement n’intervient qu’en 1966, mais les autorités ne savent plus comment utiliser le bâtiment. Ce dernier est finalement repris par l’association éducative du Nordiste Raymond Allard. En septembre 1969, La Perle cerdane ouvre avec 300 patients venus de toute la France.  De 1970 à 1995, l’établissement s’agrandit en soignant les maladies respiratoires non-tuberculeuses.

Entre 1995 et 2010, La Perle cerdane se divise entre pôle sanitaire et pôle médico-sociale .  Elle accueille les jeunes qui ont besoin d’aides diversifiées, notamment des accidentés de la route, des diabétiques et des hémophiles.  En 2013, La Perle cerdane participe au processus qui vise à rassembler et intégrer un Pôle pédiatrique de Cerdagne. Après 2014, cette fédération pourra s’appuyer sur les services nouveaux de l’Hôpital transfrontalier de Cerdagne. éputé autrefois pour ses simples pyrénéens,  le haut bassin cerdan se trouve ainsi propulsé vers la médecine innovante du 21e siècle.

 

En matière d’hospitalisation novatrice, la Cerdagne de 2013 est au seuil d’une expérience pilote, avec l’ouverture imminente du futur hôpital transfrontalier de Cerdagne, un établissement qui a fourni à Martine CAMIADE le sujet de sa communication.

Suspendu à 1200 mètres d’altitude, le haut bassin cerdan est éloigné des grandes villes environnantes : il faut compter entre 55 minutes et 2 heures 15 pour les rejoindre. Les grands hôpitaux proches sont ceux de Manresa, de Perpignan et de Montpellier. La Cerdagne abrite 30 000 habitants, mais sa fonction de tourisme hivernal porte l’effectif à 120 000 en saison, et la sécurité des adeptes de la glisse ne pouvait plus tolérer longtemps l’inconvénient des distances d’évacuation.

Avec  ses 13 stations de ski très fréquentées, la Cerdagne avait besoin d’une infrastructure de soins complets,  d’autant que la neige et les intempéries compliquent parfois ses accès.

En l’An 2000, une convention unit la Cerdagne et l’hôpital de Perpignan pour les urgences, et la perspective d’un hôpital cerdan émerge déjà. En 2003, un programme rassemble la France, l’Espagne et l’Andorre, cela afin de mener à bien la réalisation du nouvel établissement. Simultanément, les études de faisabilité sont engagées. En 2006, la Commission européenne incite à la conception de projets transfrontaliers, et elle favorise la création de Groupements Européens de Coopération Territoriale.

La Cerdagne ne tarde pas à disposer de son GECT pour appuyer son projet de nouvel hôpital. Le GECT cerdan est constitué progressivement de 2007 à 2010. Au début de2007, le maire de Puigcerda offre le site de l’hôpital : 17 000 m² situés sur une « plane ».  En mars de la même année, les ministres de la santé Xavier Bertrand et Marina Geli signent pour la France et la Catalogne la charte d’intentions qui  lance le GECT. Les deux ministres posent ensuite la première pierre de l’hôpital.

En juillet 2008, le gouvernement de la Generalitat approuve le budget global du projet, soit un montant de 31,6 millions d’euros. Dans ce total, 60%, soit 18,6 millions, sont abondés par le FEDER, Fonds Européen de Développement Régional. Dans le secteur des Pyrénées catalanes, cette part constitue la plus forte enveloppe que  l’Union européenne octroie à un projet novateur. Les 40% qui restent sont assumés à 60% par la Catalogne, et à 40% par la France.

En avril 2010, une convention franco-hispano-catalane finalise définitivement l’existence du GECT. L’hôpital en construction devient alors un gage d’avenir : il apparaît comme l’amorce anticipée d’un réseau européen de soins. Souvent cité en exemple, il est pionnier pour la santé transfrontalière. Pour autant, il s’enracine dans le contexte local : il mobilise autour de lui le pôle de santé d’Err et les centres médico-sociaux des alentours.

Enfin, il suppose des rapprochements entre les perceptions qui accompagnent les affections et les traitements. La formation des soignants diffère de part et d’autre de la frontière.  Les attentes des patients sont également dissemblables. L’hôpital de Puigcerdá les fera converger par l’écoute, la concertation et le plurilinguisme : autant de perspectives qui séduisent les autorités européennes.

 

CONCLUSION GÉNÉRALE.

Au terme de cette synthèse, il apparaît que les huit conférenciers ont éclairé la réflexion sur l’histoire des soins en Roussillon par quatre apports essentiels. La partie sur l’enseignement et les pratiques a montré la vigueur et le prestige de l’esprit de corps chez les pharmaciens et les médecins. Pour autant, cette renommée n’acquiert la valeur de la preuve qu’après 1885. La section sur les apothicaires et pharmaciens a insisté sur la persistance de nombreux remèdes,  dont plusieurs ont survécu aux progrès scientifiques. Toutefois, la méfiance qui a périmé les vieilles recettes de charlatan peut s’avérer injuste envers les médications d’avant-garde. La session sur la littérature curative a prouvé qu’une multitude d’ouvrages et de publicités répondait à une attente du public : le désir de soulagement ne cesse de stimuler l’offre de remèdes. Enfin, le propos a décrit le double destin des établissements hospitaliers après 1945 : un retard à l’adaptation scientifique jusqu’en 1960, puis une affirmation décisive comme pôles novateurs.

 

Les actes de ce colloque seront édités ultérieurement.