Marguerite Pelet |
Une belle femme, une belle vie
PELET Marguerite, Elisa, Augusta, née à Ria (Pyrénées-Orientales) le 21 juillet 1877 décédée à Paris 8e, le 22 novembre 1964 . Mariée avec Marcel Charles Jules Holtzer, devenue veuve elle épouse Jules Joseph Louis Hippolyte Pams.
Marguerite PELET
Elle est la fille ainée d’Emilien Pelet (Puylaurens, Tarn) né le 11 novembre 1850, mort à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) le 30 octobre 1929 et d’Emilie Kopp, une des filles de l’Alsacien Auguste Kopp, directeur de l’usine Holtzer de Ria et maire de Ria à la date de sa naissance1.
Emilien Pelet, fils d’un bottier protestant du Tarn est d’abord agent-voyer, puis ingénieur attaché au service vicinal du Tarn en 1872, il accède aux fonctions d’ingénieur à Ria chez les Holtzer de 1878 à 1887, il devient ensuite directeur de l’usine de Ria de 1887 à 1909 2. C’est un protestant qui est un notable local, le culte est célébré chez lui dans l’usine même. Il devient maire de Ria en 1888 et prend à la charge de l’usine la modernisation de la commune. Le couple Pelet–Kopp a deux filles Marguerite et Valentine3 . Nous ne connaissons pas l’éducation de leurs filles 4.
Marguerite Holtzer Elle est très belle et quand elle a 19 ans, Marcel Holtzer né au Vigneron, à Unieux (Loire) le 20 janvier 1868, fils du maître de Forges5 Jules Holtzer et de Berthe Gabrielle Boussingault (1836-1890)6 l’épouse à Ria le 20 août 1896 et la noce est célébrée dans l’ancienne abbaye de Saint-Michel-de Cuxa, devenue propriété des Holtzer.
À Prades, la presse locale relate l’évènement : Jeudi matin, à 9 heures et demie a été célébré à la mairie de notre commune le mariage de Mlle Marguerite Pelet, fille de M. Emilien Pelet, directeur des mines, hauts fourneaux et forges de Ria, avec M. Marcel Holtzer, maître de forges à Unieux (Haute-Loire). C’est à trois heures de l’après-midi, aussitôt après le départ de M. et Mme Holtzer, que l’on commence à danser. Les jeunes époux partent en voyage de noces9.
Le couple deux fils Jacques et René : Jacques Holtzer 10 est l’aîné, René Holtzer 11 le cadet, ils sont nés tous deux à Paris dans le XVIe arrondissement.
Marcel Holtzer est un homme très riche 13 et le couple mène une vie très mondaine. Leurs adresses, à Unieux et à Paris, figurent dans Le mémorial de la Loire et de la Haute-Loire 14 , l’Annuaire des châteaux 15.
Marcel Holtzer est administrateur des Établissements Panhard-Levassor et s’intéresse aux courses automobiles. En 1900, les coureurs du tour de France automobile organisé par le journal Le Matin se reposent au château d’Unieux16. Il est président de l’A(utomobile) C(lub) F(orézien) et offre la coupe Holtzer au concours organisé le 9 avril 1905 sur un circuit de 213 kilomètres 17.
Les archives du Château des Holtzer contiennent une photographie de ces voyages automobiles difficiles où l’on peut reconnaître Marcel Holtzer et peut-être son épouse derrière le véhicule.
Ils sont présents aux fêtes sportives de Monaco où le prince Albert est « l’homme de tous les sports, de la navigation, de l’automobilisme 18. »
Des artistes célèbres font le portait de Marguerite : Marcel Baschet19: « Un portrait en blanc majeur et que relève seulement le noir d’un ruban et le carmin d’une guirlande de roses20 .»
En 1913, dans l’exposition Albert Fourié 21, à la galerie Georges Petit, il y a beaucoup de monde pour voir « les sanguines et les dessins en couleurs qui rappellent les charmantes productions du XVIIIe siècle. On apprécie la finesse d’exécution, le charme et la distinction des portraits de Mme M. Holtzer, Mlle Nadine de Rothschild 22 . »
La présence du couple est aussi rapportée au cercle d’Anjou ou « devant une assistance élégante et nombreuse tous les assauts se sont déroulés. […] On remarquait aux premiers rangs le duc et la duchesse de Broglie,… M. et Mme Marcel Holtzer… » Au 19, rue de la faisanderie, à Paris, elle a un salon moins célèbre que celui d’Aline Ménard-Dorian 23 : « C’est un salon républicain. On y rencontre des hommes politiques, de grands industriels, quelques savants, quelques littérateurs, quelques artistes et quelques amies dont certaines sont peut-être un peu jalouses de celle qui les accueille si bien24. »
Au début de la Guerre de 14/18, elle séjourne en Bretagne où se sont réfugiées des familles protestantes alsaciennes qui s’occupent des blessés qui arrivent à Saint-Brieuc après la bataille de la Marne dans La Vallée. Louise Weiss a laissé une description vive et pleine de sympathie de Marguerite, la seule que nous avons trouvée d’elle. La Vallée recevait quelquefois la visite de la plus jolie femme des villas, l’élégante Marguerite Holtzer, la future Madame Jules Pams dont le deuxième époux, souvent ministre de l’agriculture a été battu de justesse par Raymond Poincaré aux élections présidentielles de 1913. Présenté par le tout-puissant Parti Radical, Jules Pams s’était laissé porter à cette candidature sans grand enthousiasme. La présidence l’eut empêché de veiller aux affaires industrielles qui lui assuraient une fortune considérable.
Marguerite Holtzer racontait qu’elle avait rencontré Guillaume II en Allemagne avant la guerre alors qu’elle assistait avec Marcel Holtzer, maître de forges à Unieux (Gard) (sic) et administrateur de la jeune société des Automobiles Panhard à la course automobile du Taunus, l’une des premières du siècle. Marguerite occupait une loge dans la même tribune que le Kaiser dont elle avait remarqué le bras infirme. Elle se souvenait, qu’attachant une importance théâtrale à son apparence, il avait changé trois fois d’uniforme pendant la course. Invitée à la résidence impériale de Sans-Souci, Marguerite s’y était rendue en Panhard. Des angles maintenaient une pile de pneus sur le toit de la voiture. Véritable couronne mortuaire disait-elle en riant. On crevait en moyenne tous les trente kilomètres.
Mes puritains abhorraient Marguerite Holtzer à cause de son luxe, de son franc parler, de son cortège d’amoureux. Ses toilettes très sûres, les beaux objets dont elle s’entourait, son réalisme et sa vitalité sans prétention intellectuelle me séduisaient. Elle dégelait en moi des impulsions, je ne savais trop lesquelles. Les soldats guettaient son arrivée, la dévoraient des yeux avant d’engloutir ses pralines. Après son départ, ils humaient son parfum. Elle me révélait le pouvoir de la jeunesse, de la coquetterie, du savoir-faire féminin. Ses raisonnements valaient par rapport aux mâles et non comme les miens par rapport aux idées25.
"Ses deux fils sont grands. « L’ainé (Jacques) classe 17 et engagé en 1915 – après s’être battu sur la Somme et en Champagne est aujourd’hui en Alsace. L’autre (‘René) sortait d’une de nos écoles d’aviation lorsque l’armistice a mis fin aux hostilités26." Marcel Holtzer meurt le 14 mars 1916, il a 48 ans. Il occupait dans le monde industriel et mondain une haute situation . Le Cri de de Paris dresse un rapide catalogue de la fortune du premier mari au moment du mariage de sa veuve avec Jules Pams. Monsieur Holtzer était fort connu, non seulement dans le monde de la métallurgie, mais aussi dans celui du Turf et du Yachting. Petit-fils de Jacob Holtzer, d’une vieille famille protestante d’Alsace qui opta pour la France après 1870, il était gérant copropriétaire des aciéries d’Unieux créées par son grand-père et des usines de Ria.
Possesseur d’une jolie fortune, il eut une écurie de steeple-chasers et sa casaque or et cerise triompha maintes fois à Auteuil. Les amateurs de courses se souviennent de la victoire de Loutch dans le grand steeple de 1894.
Ce sportman était naturellement collectionneur. L’hôtel Louis XVI qu’habite encore aujourd’hui madame Holtzer, à l’orée du bois de Boulogne contient une jolie galerie de maîtres du XVIIIe siècle dans lequel Fragonard figure en bonne place. Il y a aussi une bibliothèque considérable. Des éditions rares s’alignent sur les rayons27. C’est la veuve de Paul Ménard, Aline (née Dorian) qui devient co-gérante de la société avec Cécile, la fille de Louis Holtzer. Marguerite n’a pas de rôle dans la société28,
C’est une belle femme de 38 ans. Elle a un hôtel parisien, 2 rue Albéric Magnard (XVI).
Marguerite Pams
En seconde noces, trois ans après, le 29 avril 1919, elle épouse Jules Pams31 alors ministre de l’Intérieur, lui-même veuf, depuis trois aussi, de Jeanne Bardou-Job32. Le mariage est annoncé dans plusieurs journaux31.
Selon L’Echo de Paris dont l’article est repris dans la presse nationale et régionale32, c’est « un beau mariage », le « mariage de la saison » célébré dans « une cérémonie tout intime.» Le ministre de l’intérieur qui est lui-même veuf et qui porte allégrement ses 65 ans, épouse Madame Holtzer qui est également veuve. Madame Holtzer est la fille d’un vieil ami de M. Pams, Roussillonnais comme lui, M. Pelet, directeur des usines de Ria dans les Pyrénées-Orientales. M. Pams connaît donc Madame Holtzer depuis qu’elle est née.
Madame Holtzer est encore jeune et elle a beaucoup de charme. Elle est riche, M. Pams l’est aussi33. C’est une union toute de sympathie d’où les questions d’intérêt sont exclues. Le second époux est l'une des figures les plus emblématiques du département des Pyrénées-Orientales et une grande figure de la IIIe République. Né à Perpignan le 14 août 1852, avocat de grande envergure, conseiller municipal de Perpignan, il est élu en 1892 (à 40 ans) conseiller général du canton d'Argelès-sur-mer, un poste qu'il ne quitte qu'en 1926. Il est également le président de l'assemblée départementale durant 15 ans. En parallèle il fait une carrière nationale de ministre de l'agriculture de mars 1911 à janvier 1913 dans les gouvernements Monis, Caillaux et Poincaré, puis ministre de l’intérieur de novembre 1917 à janvier 1920 dans le gouvernement Clémenceau. C’est aussi l’un des représentants les plus fortunés du négoce du département des Pyrénées-Orientales.
Le journal Les modes présente dans son article « Les grands mariages » une photographie de la nouvelle mariée34 :
La vie mondaine de Marguerite Pams a encore des échos dans la presse.
En 1920, elle assiste à la représentation de La Mégère apprivoisée au théâtre Antoine.
« M. Pams et sa femme -vous savez qu’on vit rarement ménage plus uni- occupaient deux fauteuils d’orchestre au 1er rang 35. »
En 1921, elle assiste à un défilé du couturier grand couturier Paul Poiret36. "Il a transformé son jardin en théâtre lumineux où les fauteuils ont des couleurs de fleurs. "dans la rangée des fauteuils couleur « soleil levant », c’est Mme Pams, la jolie femme de l’ancien ministre qui est habillée de crêpe de chine gris avec un manteau assorti et qui applaudit et s’amuse37." En 1922, le magazine Vogue dresse un portrait enthousiaste de Marguerite Pams. À une réception chez Mme Daudet nous nous sommes trouvée (sic) récemment avec Mme Pams, la femme du ministre. Mme Pams est une femme qui a beaucoup de goût : chaque fois que nous la voyons nous sommes sûre (sic) de voir, dans l’ensemble ou le détail quelque chose de fort élégant.
Elle portait ce jour-là une cape de breitwantz38, merveille de finesse au point que cette fourrure ressemblait beaucoup plus à de la soie qu’à de la fourrure. […] Comme chapeau Mme Pams avait une forme plate en feutre « Monsieur » noir, à calotte assez volumineuse dont le bas s’ornait d’une sorte de papillon aux ailes étendues , en broderie d’argent parsemée de petits brillants, effet d’une élégance exquise et très nouvelle, car à distance , on aurait cru à un immense bijou. Un peu partout, dans le corsage comme dans la ceinture, Mme Pams porte des perles montées en brillants d’une délicatesse charmante et d’un goût parfait 39. En 1928, une allusion à l’hôtel de la rue Alberic Magnard où était reçu l'artiste catalan José Maria Sert se trouve dans la Revue de Paris 40.
Son père qui avait quitté Ria pour diriger les usines d’Unieux, revient dans le département, à Port-Vendres, dans le fief de Jules Pams, il y meurt le 30 octobre 1929.
Jules Pams meurt à Paris le 12 mai 1930 41, il avait légué à sa veuve, par son testament de 1922, tous les biens meubles et immeubles composant sa succession. Il est enterré à Port-Vendres.
Emilie Kopp meurt à Amélie-les-Bains le 9 janvier 1939, sa fille la fait enterrer dans le cimetière de Port-Vendres.
Dans l’héritage de Jules Pams, il y avait trois riches immeubles dont Marguerite Pams a disposé différemment.
L’immeuble de Port-Vendres Pams avait décidé dès 1922 de donner son hôtel de Port-Vendres à la ville mais il ne l’avait fait que par un legs verbal 42. Peu après la mort de son mari Madame Pams fait don de la maison Pams à Port-Vendres à la commune, le 25 juillet 1931.
L’immeuble légué est évalué à 300 000 francs. Il est situé face au port, dans l’ancienne rue du commerce devenue naturellement rue Jules Pams. Cet hôtel particulier a été commandé à l’architecte V. Dorph Petersen par Jules Pams en 1911. C’est un ouvrage en béton armé de quatre étages. Le peintre Paul Gervais réalise les fresques de la salle à manger en 1913. Divers entrepreneurs de Port-Vendres sous la direction de Petersen y effectuent des travaux dans les années 1924/1923.
La façade est sévère mais l’intérieur luxueux. Le maire Marius Demonte fait faire un inventaire du riche ameublement de la maison (tableaux, meubles).
Le château de Valmy Jules Pams se marie en 1888 avec Jeanne, deuxième fille de l’industriel Pierre Bardou-Job 43. En 1891 il achète à Argelès, avec son beau-frère, un domaine de 84 hectares. En 1896, il en devient le seul propriétaire. Les époux Pams y font construire un château qu’ils appellent Valmy 44. Le gros œuvre est achevé en 1904 mais le château est en chantier pendant de longues années.
En 1924, Felix Mercader, architecte collaborateur de Petersen écrit à ce dernier alors au Danemark : Madame Pams est venue à deux reprises pour voir où en étaient les travaux ; elle a été chaque fois satisfaite de voir l’avancement et de constater que peu de dégâts avaient été commis. Madame Pams nous a demandé de faire activer de façon à livrer l’intérieur du château pour le début de septembre de façon à ce qu’il puisse être occupé vers le 15 ou le 20 septembre. Les essais de l’installation vont être faits demain et aussitôt on rebouchera tous les trous. Le peintre est à Valmy pour ces raccords depuis hier et le menuisier y sera à partir de demain. C’est un château moderne (béton armé sur une grande échelle) confortable et luxueux avec de superbes boiseries et dans toutes les pièces des tableaux de peintres célèbres alors, Paul Gervais ; Georges de Feure… Le château n’est finalement terminé qu’en 1929. Jules Pams meurt en mai 1930 et après sa mort, Marguerite Pams, héritière de sa fortune, vend le château de Valmy à Victor Peix, distillateur à Millas (P.O.)
L’Hôtel Pams Marguerite Pams hérite aussi de l’hôtel, 18 rue St Sauveur, qui devient rue Emile Zola, à Perpignan. C’était à l'origine une maison de Pierre Bardou, son beau-père que Jules Pams a largement transformé en hôtel particulier à son goût, en 1892, à la mort de celui-ci. Jules Pams fait appel à l’architecte Léopold Carlier (1839/1922)44. Les travaux de cette maison durèrent de 1894 à 1897, La façade sur rue, très sobre, contraste avec le reste du bâtiment. C’est un des plus beaux hôtels de la période dans cette région du midi de la France. Tout y est ors, marbre et onyx. On y trouve des meubles en marqueterie 45. Le peintre Paul Gervais fut chargé des décors intérieurs. Ceux du grand escalier en marbre représentent notamment l'arrivée triomphale de Vénus tandis que ceux du puits de lumière attenant représentent des allégories des arts et industries, ainsi que des épisodes de l'histoire de Port-Vendres. Jules Pams utilisait l'aile gauche, comme sa maison privée et l'aile droite pour recevoir les visiteurs.
Dans le hall d’entrée, les portraits de Marguerite et de Jules Pams par Jacques Emile Blanche46 réalisés peu après leur mariage accueillaient les visiteurs47. Blanche était un ami de Jules Pams. C’est un peintre que ses portraits de dandys et de femmes du monde avaient rendu célèbre. Par son style vivant et raffiné, entre tradition et modernité, il cherche à capter la vérité de ses modèles. Marguerite Pams est au début de son mariage, c’est une belle femme, mince, élégante avec peu de bijoux, souriante dans une robe d’apparat dont le tissu léger et fin, transparent et vaporeux découvre ses épaules et laisse deviner ses jambes, une grande mondaine qui, les bras ouverts, offre l’hospitalité de cette riche demeure. L’attitude de son époux, de l’autre côté de l’entrée est plus distante. C’est « ce qu’on a pu appeler avec raison un grand seigneur républicain48. »
Les Pams tenaient leur rang dans la société de Perpignan, y exposaient leur aisance, recevaient industriels et hommes d’Etat de la bourgeoisie radicale. Héritière, Marguerite Pams transforme peu l’hôtel. En 1935, après la mort de son mari, elle limite les travaux à l’aménagement du deuxième étage et à l’entretien de l’édifie 49. Le bâtiment se trouve sur un terrain en forte pente, qui fait que sa cour intérieure est accessible par le premier étage du corps de bâtiment principal. Ce patio est orné de deux sculptures : une nymphe en marbre du sculpteur Victorien-Antoine Bastet et un joueur de flûte en bronze de Gabriel Faraill, entouré de panneaux de céramiques représentant des branches fleuries et des papillons. Marguerite Pams a fait aussi enlever quelques blasons Job.
En 1942 pendant la guerre, sa petite fille Yvonne Holtzer, fille de René et de Mme Holtzer-Colas, épouse Gaston Pams Le couple habite l’hôtel du 18 de la rue Emile Zola jusqu’à la vente du bâtiment dont Gaston Pams s’occupe comme mandataire.
En 1946, seize ans après la mort de Jules Pams, Marguerite Pams demeure à Paris, elle est domiciliée 2 rue du Cirque. Elle vend le 5 octobre 1946, pour six millions, le corps de bâtiments à la ville de Perpignan dont le maire est Félix Mercader. Il est expressément convenu, stipule l’acte, que « l’immeuble vendu devra porter à perpétuité l’inscription suivante Immeuble Jules Pams. »
L’Indépendant annonce sobrement que « l’immeuble Pams devient la propriété de la ville » et que « cette magnifique et spacieuse demeure, agrémentée d’un jardin intérieur aux pièces vastes et à hauts plafonds sera affectée à la crèche municipale et au musée. »
Marguerite Pams décède le 12 novembre 1964 à son domicile, 2 rue du Cirque à Paris, dans le 8e arrondissement. Le 17 novembre elle est enterrée à Port-Vendres dans le caveau des Pams. Le pasteur protestant Marcel Crespin, pasteur de la paroisse Perpignan-Collioure, préside l’enterrement.
Elle était soucieuse du devenir de sa dernière demeure. Le tombeau avait été conçu par l’architecte Viggo Dorph Petersen. Jules Pams l’avait commandé en 1918, après la mort de Jeanne Bardou, sa première épouse. Le sculpteur Eugène Sudre a fourni une dalle tombale en pierre de Barutel (Gard) 50 et un dessus en marbre blanc d’Italie en 1924. Une statue ailée de Jules Coutan 51, représentant la paix est dressée derrière le caveau.
Le notaire chargé de sa succession informe le maire de Port-Vendres52des dispositions qu’elle a prises : en vue d’assurer la perpétuité de l’entretien de la tombe de Jules Pams […] une rente annuelle de mille nouveaux francs, à charge de la municipalité de Port-Vendres d’entretenir la tombe de Jules Pams et celle de mes parents53 d’une façon constante et parfaite, de veiller à sa propreté, la taille et l’entretien des plantes vertes, la peinture des grilles , aux inscriptions apposées sur la tombe, ainsi que celles apposées sur la maison natale de Jules Pams afin qu’elles soient toujours lisibles et aussi sur les inscriptions apposées sur la mairie de Perpignan, rue Emile Zola, ancienne demeure de M. Jules Pams. La société Job de Perpignan est chargée de verser cette rente54. Son fils René est chargé d’envisager avec la mairie les modalités d’application de ses dispositions. Madeleine Souche Notes 1 http://www.aphpo.fr/articles/articleindustriemetallurgique1.html Industrie métallurgique et protestantisme dans les Pyrénées-Orientales : l’exemple des sociétés Holtzer à Ria 1859-1909.
2 L'usine de Ria produisait alors du fer, et principalement de la fonte. La fonte au bois était de qualité supérieure, grâce à d'excellents minerais fournis par les mines de Sahorre, Thorrent et Escaro.
3 Valentine Elisabeth Augusta Pelet 1884/1973. Mariée le 20 septembre 1905, à Ria, avec l’ingénieur Louis René BERTIN4 4 Le petit journal catalan, 14/08/2015, lui consacre un article non signé mais bien documenté « Marguerite, la belle de Ria-Sirach qui nous vendit l'Hôtel de Pams » qui évoque des cours de piano et de law-tennis.
5 Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1890), le jeune maître de Forges vient de succéder à son Louis frère mort à 34 ans et, sous cette gérance, le développement et la modernisation des aciéries d’Unieux s’intensifient. 6 Fille du savant Jean-Baptiste Joseph Dieudonné BOUSSINGAULT (1801-1887) éminent chimiste membre de l'Académie des sciences. En 1875il met au point les premiers aciers au chrome.
7 La vie montpelliéraine, 23/08/1896, signale le passage de M. Paul Menard-Dorian, ancien député de l’Hérault se rendant à Ria (Pyrénées-Orientales) pour assister au mariage de Mademoiselle Marguerite Pelet avec M. Marcel Holtzer, maitre de forges à Unieux. 8 Le Canigou, 22 août 1896, « Ria-Hyménée ».
9 Le Radical, 31/10/1896 annonce : « M. Marcel Holtzer, de retour de son voyage de noces, assistait hier aux courses d’Auteuil. »
10 Jacques Daniel Holtzer né à Paris (XVI°) le 12 juin 1897-1967 Marié, Canada, avec Pamela Herbert.
11 René Marcel Holtzer né à Paris (XVI°) le 23 juillet 1899-1984.
Marié le 20 mars 1922, Paris XVII, avec Madeleine Marie Gabrielle Colas.
Marié le 27 juillet 1935, Paris VIII, avec Andrée Henriette Stéphanie Decaux (1898-1980).
12 Atelier photographe OTTO 3 place de la Madeleine PARIS.
13 À l’époque de son mariage avec Marguerite Pelet est d’un montant de plus de 4 300 000 francs, elle est composée pour plus de 2 millions de valeurs industrielles : société des forges et aciéries d’Unieux Jacob Holtzer et Cie (1 250 000 francs sur un total estimé à 4 500 000 francs), actions de la Cie des mines de Roche La Molière et Firminy (208 000 francs), de la société des fabriques de fonte de Pont Salomon « Dorian, Holtzer, Jackon et Cie » (97 000 francs), de la Sociétés des mines, forges et hauts fourneaux de Ria (35 000 francs). S’y ajoutent 450 000 francs dans la S.A. des usines du Pied-Selle créée trois ans auparavant à Fumay, dans les Ardennes.
14 Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 1899.
15 Annuaire des châteaux et des villégiatures, 40 000 noms et adresse de l’aristocratie, du high life, de la colonie étrangère et du monde politique, 1899, p. 398. M et Mme Holtzer d’Unieux, Firminy, Loire et rue de la Faisanderie 19, Paris.
16 Le Stéphanois, 20/03/1900.
17 L’industrie des cycles et automobiles, N°88, Mai 1905.
18 Archives du Château des Bruneaux, Firminy, Loire.
19 Les sports modernes (Paris Illustré).
20 Marcel Baschet (Gagny, Seine Denis 1862, Paris 1941), Peintre. - Pastelliste. - Dessinateur. - Grand Prix de Rome en 1883. - Membre de l'Académie des beaux-arts (élu en 1913)
21 Les annales politiques et littéraires.
22 Albert Fourié (Paris 1854/ Saint-Raphaël 1937) Il commence sa carrière comme sculpteur. Après sa première exposition en 1877, il abandonne la sculpture pour se tourner vers la peinture. Son style élégant de portraitiste de femmes au bain, ses paysages de parcs et de jardins lui ont valu plusieurs médailles du Salon de Paris en 1883 avec La Chambre mortuaire de Mme Bovary, en 1884 et 1887 et une médaille d'or en 1889.
23 Le Temps, 22/03/1913.
24 C’était la fille de Caroline Holzer, la sœur de Jules Holter, le père de Marcel. Bien connu, le salon d’Aline Menard-Dorian (1870/1941), une des égéries de la gauche, rue de la faisanderie, Paris XVIe, est un grand salon dreyfusard et républicain.
25 Le Cri de Paris, 30/03/1919.
26 Louise Weiss, Mémoires d’une Européenne, tome 1 (1893/1919), Payot 1968, p.193.
27 Le Cri de Paris, 30/03/1919.
28 En 1937, L’intermédiaire des chercheurs et des curieux, p.333 précise que de nombreuses lettres écrites en français par Alexandre de Humboldt, de 1822 à 1859, au grand chimiste Jean-Baptiste Boussingault étaient avant la guerre entre les mains de M. Marcel Holtzer. Elles ont disparu à la suite de la mort de ce dernier. ».
En 1938 le musée historique de Berne fait l’acquisition de la partie de la collection Holtzer concernant l’ethnographie « riche en qualité aussi bien qu’en nombre « costumes orientaux, …vêtements brodés japonais et chinois du XVIIe au début du XXe siècle … » 29 Marguerite ne joue pas de rôle dans la société industrielle des Holtzer. Le 27/08/1919 le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire signale qu’elle fait partie des douze membres du conseil d’administration de la « Société anonyme des habitations à bon marché, formant société anonyme », après son mariage avec Jules Pams. Son adresse est 2 rue Albert Magnard à Paris.
30 Jules Pams réside dans cet hôtel où il meurt le 12 mai 1930. 9 Louise Weiss, Mémoires d’une Européenne, tome 1(1893/1919), Payot 1968, p.193.
30 Le Cri de Paris, 30/03/1919.
31 Mariée le 29 avril 1919, Paris XVI, avec Jules Joseph Louis Hippolyte Pams 1852-1930.
32 Jeanne Eugénie Françoise Bardou-Job (1868/1916). L’une des héritières de l'entreprise de papier à cigarettes de Joseph Bardou (JOB) et l’une des plus riches héritières du département. Jeanne était la plus jeune enfant de Pierre Bardou. Décédée d’une embolie au cœur, le 13 mars 1916, à Perpignan, sans enfant, elle a légué tous ses biens à son mari.
33 Le Figaro, Le petit Provençal, Le nouvelliste du Morbihan…
34 L’adresse du marié : 18 rue St Sauveur à Perpignan et 85 avenue Henri Martin à Paris.
35 Les Modes N°183, 1919.
36 Paris- soir , 14/05/1930 .
37 Paul Poiret (1879/1944) couturier avant-gardiste qui libéra la femme du corset, il habille les comédiennes les plus en vue et également le tout-Paris.
38 Vogue, 15/07/1921.
39 Breitwantz : peau de fœtus d’agneau volontairement avorté. L’aspect bouclé de la fourrure, dû au liquide amniotique.
40 Vogue, 1/05/1922. On rapporte que dans les salons mondains il arrivait aux deux époux Pams de parler catalan pour garder la confidentialité de leurs échanges.
41 La revue de Paris, janvier 1928. Il s’agit de José Maria Sert dans Les tableaux de Paris. « Il ressemble bien à un espagnol. […] agrémenté d’une fraise et d’un feutre noir, il serait plus lui-même que dans ce veston anglais aux lueurs de jour londoniennes qui filtre à travers les rideaux ocrés de Madame Jules Pams dans le bow-window de la rue Albéric Magnard. »
42 Après six mois de maladie.
43 Archives municipales de Port-Vendres : le 8 avril 1922.
44 Pierre Bardou, le riche industriel qui a développé la marque des papiers à cigarette JOB a construit un château pour chacun de ses enfants. Pour son fils Justin, le château d’Aubiry, à Céret. Pour l’une de ses filles, Camille le château Ducup de Saint-Paul aux abords de Perpignan. Enfin, pour Jeanne, le château de Valmy à Argelès-sur-Mer.
45 Le nom est nouveau. Louis Basseda, Toponymie historique de la Catalogne, Terra nostra N° 73, 1990 Prades : « Le château reçut le nom de Valmy, sans doute par fantaisie paronymique entre vall-mari (forme néglige e Vall Maria) et le célèbre village de la Marne. »
Jean-Marie Rosenstein, Un architecte dans les Pyrénées-Orientales, Viggo Dorph Petersen, 2014, p.103/122.
46 En fait, les deux hommes se connaissaient depuis longtemps. Le cousin germain de Jules Pams était marié à la fille de Léopold Carlier.
47 https://www.mairie-perpignan.fr/fr/culture/patrimoine/monuments/lhotel-pams.
" Cet hôtel révèle l'art de vivre de la riche bourgeoisie perpignanaise au XIXe siècle, ses plaisirs, ses préoccupations, depuis Pierre Bardou, fabricant de papier à cigarettes J.O.B., au politicien Jules Pams qui en 1913 faillit être président de la République Française. Quant aux peintures, elles sont de Paul Gervais. " Tout le monde ne peut s'offrir un Gervais" disait avec fierté Jules Pams. Ce peintre ayant à l'époque une grande renommée, les commandes officielles affluent : Ministère des colonies à Paris, Casino de Monaco, de Nice, Capitole de Toulouse. L'ensemble actuel du bâtiment a servi à Jules Pams de maison privée (aile de gauche) et d'espace de réception (aile de droite) placé sous le signe de l'églantine et de la rose, symboles de l'amour. »
48 Jacques Emile Blanche (1861-1942) Peintre, auteur et personnage incontournable de la Belle Epoque et de l’entre-deux guerres à Paris et à Londres, il fut un portraitiste de grand talent qui a laissé l’image de la plupart des « grands » de son temps Proust (1892), Gide (1912), Cocteau( 1912) …
49 Ils sont maintenant au premier étage.
50 Paris-Soir, 14 mai 1930.
51 Archives communales de Perpignan, 58 W 169.
52 La carrière de Barutel, près de Nîmes, route d’Alès, est une carrière de pierre dure, du calcaire gris très résistant qui a servi à la construction des monuments romains dont les Arènes de Nîmes et d’autres monuments médiévaux. Elle a été est inscrite en 1991 sur la liste des monuments historiques français.
53 Jules Coutan, Paris 22 septembre 1848, 23 février 1939.
54 Maitre Pierre de Ridder, 22 avril 1965.
55 Les parents de Marguerite Emilien Pelet et son épouse, née Émilie Kopp sont enterrés dans un tombeau, également en calcaire de Barutel, au pied de celui de la famille de Jules Pams.
56 La garantie de cette rente est assurée par la société Job à qui est loué l’immeuble du 13 de la rue Emile Zola.
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