Agenda Culturel

 

 

 

 

 

 

Le pont d'Elne et l'Aiguat de 1940

 

Le pont d'Elne et l'Aiguat de 1940

La construction du chemin de fer de Narbonne à Perpignan  a été décidée  en 1852. La .concession par l'Etat donne naissance à la Compagnie du Midi. le train arrive à Perpignan en 1858.le prolongement de Perpignan à Port-Vendres est concédé à la même compagnie en 1859. la première section jusqu'à Collioure comporte plusieurs ouvrages d'art importants, comme le tunnel de plus de 500 mètres juste avant la gare de Collioure. Mais c'est le franchissement du Tech qui pose le plus de problèmes. Les ingénieurs de l'État ont prévu un viaduc en maçonnerie composé de dix-sept arches, de dix à vingt mètres d'ouverture, posées sur des piles situées dans le lit du fleuve. Mais le fond vaseux rend difficile la construction des fondations, au point d'inciter l'entrepreneur, responsable de ce chantier, à résilier son contrat. C'est la Compagnie qui prend en charge ce franchissement en modifiant l'ouvrage remplacé par un pont en fer constitué de seulement trois piliers, en maçonnerie, supportant quatre travées métalliques longues de 40 mètres. Du fait de ce problème, la prévision d'une ouverture à l'automne 1865 ne peut être tenue car l'ouvrage n'est terminé qu'en février 1866. À sa mise en exploitation le  21 mars 1866 la section comporte deux stations :Elne et Argelès. Le pont sur le Tech est situé entre le point kilomètrique (PK) 482,637 et le PK 482,882 de la ligne entre les gares d'Elne et d'Argelès-sur-Mer.

En 1940, un épisode pluvieux fantastique a touché, du 16 au 20 octobre, les Pyrénées-Orientales, l’Aude, ainsi que la Catalogne espagnole. Sur les Pyrénées-Orientales, département particulièrement affecté, les pluies ont débuté le 16 octobre, d’abord sur les Albères et la plaine du Roussillon, puis ont gagné vers l’intérieur. L'aiguat  est un mot catalan qui est désormais entré dans le vocabulaire des météorologues français :  "Aiguat" : terme catalan qui évoque l'existence concomitante de forts abats d'eau et de l'inondation qui en est la conséquence.

L’épisode pluviométrique du 16 au 20 octobre 1940 peut-être considéré à bien des égards comme exceptionnel. Les cumuls relevés lors de l’épisode avoisinent au maximum 2000 mm d’eau, en particulier dans le Vallespir dans la haute-vallée du Tech (massif du Canigou). Tout comme pour l’analyse de la situation météorologique, l’interprétation de la situation pluviométrique est tributaire d’un contexte historique défavorable. Toutefois, un grand nombre d’ouvrages ont été réalisés depuis l’inondation, notamment liés aux travaux de Maurice Pardé.

les archives de la SNCF , à Béziers, contiennent le rapport du chef de gare d'Elne et le rapport de l'instituteur de saint-Laurent-de- Cerdans.

 

Le pont d'Elne avant l'aiguat

 

 

Rapport du chef de gare d'Elne


 

 

 

 

Relevage de  la locomotive

 

Le pont provisoire

L

 

La ligne franchit le canal d'Elne et arrive au Tech qu'elle franchit par un pont métallique dit provisoire qui comporte deux voies imbriquées l'une dans l'autre sans aiguilles. Après la fin du conflit, la  SNCF a reconstruit le pont ; mais faute de moyens, elle ne pose qu'un tablier au lieu des deux prévus, tout en le dotant d'un système d'enchevêtrement des voies permettant le passage des trains sur deux voies imbriquées dans un espace prévu pour une voie unique. Depuis le pont a conservé cet aménagement « temporaire ».

 

 

 

Le rapport de l'instituteur de Saint-Laurent de Cerdans

Les mesures pluviométriques pour cet épisode pluvieux exceptionnel sont malheureusement rares et souvent imprécises. C’était la guerre, le service météorologique français désorganisé n’avait plus les moyens de collecter les informations recueillies d’où la difficulté de l’étude. Dans la quinzaine qui suivit l"aïguat", Maurice Pardé, alors professeur à Grenoble, fut nommé expert officiel de l’Etat par le gouvernement, à charge de se prononcer sur les raisons exactes d’un tel sinistre. Alors qu’une forte censure s’exerce sur le territoire durant la Seconde Guerre Mondiale, l’hydrologue  et l'ingénieur-en-chef des Ponts-et-Chaussées du département, Bernard Quesnel, font appel aux instituteurs du département. Ils ont eu pour tâche de répondre à une série de questions afin de participer à la compréhension de l’épisode. Les archives de la SNCF conserve aussi le rapport remarquable de l'instituteur Soutadé que nous présentons in extenso.

 

 



L'instituteur envoie des renseignements complémentaires



 

L'instituteur  envoie un dernier courrier

 


Pour aller plus loin:

Maurice Pardé, « La crue fantastique d'octobre 1940 dans le Roussillon », Revue de géographie alpine, vol. 29, no 2,‎ 1941, p. 353-357.

Battle Monica et Gual Ramon 1940 "L'Aiguat" (Les Inondations De 1940) - Terra Nostra N°42, 1981.

(ca) (fr) Collectif, L'aiguat de 40. Les inondations catastrophiques et les politiques de prévention en Méditerranée nord-occidentale. Actes du congrès de Vernet-Les-Bains : les inondations d'octobre 1940 en

Catalogne : 50 ans passés, 18-20 octobre 1990, Barcelone, Generalitat de Catalunya, 1993, 484 p.

Gérard SoutadéLes inondations d'octobre 1940 dans les Pyrénées-Orientales, Perpignan, Conseil général, Direction des archives départementales, 1993, 351 p.

Gérard Soutadé, Quand la terre s’est ouverte en Roussillon, l’Aiguat-octobre 1940, Perpignan, l’Olivier, 2010, 171 p.