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Bienvenue sur le site de la Maison de l’Histoire Languedoc-Roussillon-Catalogne

Fondée en 1998, l'Association pour la Promotion de l’Histoire dans les Pyrénées-Orientales (A.P.H.P.O.) a initialement pour objet l’étude et la mise en valeur des archives publiques et privées, l’étude et la mise en valeur du patrimoine.  Lire la suite

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Visite de Vernet-les- Bains

 

Visite de l'APHPO


à

Vernet-Les- Bains


le 29 mars 2023

 
L'Eglise anglicane de Vernet-les-Bains

 

 

L’église Saint-George's de Vernet-les-Bains


Une église anglicane en pays catalan


 

 


 


L’arrivée des Anglais à Vernet–les-Bains

Les vertus des eaux thermales de Vernet étaient connues depuis des temps anciens.

La notoriété de Vernet se développa progressivement à cause de la surpopulation

des stations des Pyrénées centrales.

En 1835, le géologue anglais Forbes conseillait à ses compatriotes de rechercher

les stations des Pyrénées-Orientales, bien moins visitées que les autres stations des Pyrénées.

En même temps, le Docteur Lallemand, de l’Université de Montpellier, faisait une communication

importante à l’Académie des Sciences à propos de l’établissement thermal de Vernet-les-Bains.

Il préconisait, sans grand succès, au grand violoniste Paganini de faire un séjour à Vernet, puis en 1845,

il conseillait à Ibrahim Pacha, le second fils du Pacha d’Egypte, Méhémet Ali, d’aller se soigner à Vernet.

Cette visite marque le début de la renommée de la station de Vernet en France et en Europe.

En 1853, le médecin anglais J.T. Francis, dans son ouvrage Change of Climat as a remedy,

recommande les cures d’hiver dans les stations des Pyrénées-Orientales, surtout pour les coloniaux qui

rentrent en métropole.

En 1869, le récit de William Joseph Eastwick : Journal d’un voyage de cinq semaines dans le Midi de

la France (13 août-18 septembre)

donne un premier aperçu de la clientèle anglaise de Vernet.

C’est un capitaine qui a servi aux Indes, il a été président de l’East India Compagny et il est membre

du Council of India.

Il vient dans le sud de la France en 1869, parce que son beau-frère le général Peter Lodwick lui aussi,

officier de l’armée des Indes et âgé de 85 ans, et sa sœur séjournaient alors à Vernet-les-Bains.

Il précise que Vernet-les-Bains est une petite ville de montagne où l’on prend des eaux sulfureuses

pour la guérison des rhumatismes, des blessures et des maladies de la peau.

« On y voit rarement des Anglais, dit-il, parce qu’elle est loin du monde civilisé.

Mon beau-frère et ma sœur y étaient alors les seuls Anglais à ce moment. »

W.J. Eastwick montre aussi l’attachement des Anglais à leur culte.

À Ille, il prend une voiture à deux chevaux envoyée

par son beau-frère et accepte de la partager avec un prêtre,

ce qui lui donne l’occasion de faire une véritable profession de foi.

À son interlocuteur catholique qui lui disait :

On dit que Monseigneur Manning1 fait de grandes choses pour l’Église et que l’Angleterre va se jeter dans les bras

du Saint Père,vicaire du Christ et chef visible de l’Eglise ici- bas. »

Il répond : Il me faut pour vous dire la vérité, que je suis Protestant. […] Je ne fléchis point le genou devant

la hiérarchie de la terre ou du ciel.

C’est Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur des hommes qui occupe la place unique dans mon cœur. […]

On vous trompe lorsqu’on vous dit que Mgr Manning a fait de grandes choses en Angleterre,

et que les Anglais vont rentrer dans le giron de l’Église romaine. […]

Ce ne sont que des femmes, quelques personnes de la haute et de la basse classe, et quelques prêtres

qui abjurent le protestantisme.

Les hommes sensés et intelligents de la nation ne se soumettront jamais à nouveau au joug de l’Église romaine. […]

(Il) m’écoutait avec attention et ne semblait pas savoir mauvais gré de ma franchise.

Cet honnête homme précise la place de la pratique religieuse dans la vie des Anglais

quand il décrit la journée du dimanche 22 août aux Eaux-Bonnes où il était allé

avant de venir à Vernet :

Temps superbe. Nous sommes allés à l’Église protestante à 11 heures. Le sermon était admirable.

Un vieillard aux cheveux gris prêchait ; son langage simple et touchant parlait au cœur de son auditoire.

Après-midi nous sommes allés au service anglais donné par Monsieur Jervis Edwards.

Il faisait bien chaud, et pour arriver il fallait monter le versant de la montagne, ce qui devait être bien difficile

pour les malades.

Je n’aurais pas été satisfait de passer le dimanche sans aller à l’Église. C’est l’habitude de ma vie.

Les Français trouvent souvent le dimanche très triste en Angleterre et certainement cela est bien différent en France.

Chaque pays a ses coutumes ;

je ne suis pas fanatique sur ce point, mais j’aime mieux marquer la différence entre le jour du Seigneur et les autres jours

de la semaine3.

L’âge d’or de Vernet-les-Bains et la fondation de l’Église anglicane

au début du XXe siècle

Les Britanniques à Vernet au début du siècle

En 1887, le comte Henri de Burnay d’origine belge, propriétaire d’une importante banque de Lisbonne,

« Banque Burnay et Cnie », consul général de Belgique au Portugal et époux d’une personne

de la haute société portugaise avait acheté des terrains, rénové l’hôtel du Parc et l’hôtel Mercader

(école hôtelière) en 1904 et confié la construction du casino aux architectes Petersen et Berthier.

Le comte Burnay mourut en 1909. Son fils ainé continua à acheter des terrains,

plus de 6 hectares entre 1903 et 1919.

En 1903, le comte de Burnay qui ne pouvait s’occuper pleinement de sa société thermale désigne

Émile Kiechle,  né à Fribourg, âgé de 23 ans,un employé de la banque Burnay

auquel il donne les pleins pouvoirs, comme directeur de l’Établissement.

Kiechle est émerveillé par la station mais constate que « c’était un paradis fermé».

Il décide grâce aux fonds de la banque de rénover luxueusement les établissements et

« d’ouvrir ce paradis avec des clefs d’or pour lequel il recherchait une riche clientèle »

en utilisant la publicité et en améliorant son accès.

Il donne un second souffle à la station qui connaît alors son apogée :

c’est le « Paradis des Pyrénées ».

La station accueille des Espagnols en été et une importante population anglaise l’hiver :

des militaires et leurs familles, des aristocrates...

C’est alors que dans son ouvrage Travels in the Pyrenees , V.C. Scott O’Connor

décrit « Vernet of the English »

En 1905, après qu’elle soit passée dans les mains des actuels propriétaires, elle est signalée pour la première fois

comme lieu de séjour d’hiver anglais.

Depuis, chaque année elle est devenue plus importante et plus à la mode et est maintenant une des plus

fréquentées et des plus délicieuses des stations hivernales.

Son remarquable développement est lié au génie de M. Émile Kiechle, un petit homme charmant et versatile,

qui a donné tout son cœur, son esprit et son enthousiasme, sa vie même, à son développement. […]

(Il lui a donné) le confort et le luxe de notre époque, et de novembre à mai, le petit village des Pyrénées

devient un fragment d’Angleterre.

Son Casino fréquenté l’été par des Espagnols et des gens du Midi de la France est transformé

en club anglais avec le solide confort de notre propre peuple et quelques- unes des grâces plus légères du Sud.

Dans ses rues, on voit les visages,

on entend des noms qui sont fameux chez nous.

Vernet a reçu la visite de Lord Roberts, Rudyard Kipling, la Princesse Henry of Battenberg, et c’est un fait,

je crois que le roi Edouard VII, lui-même y est venu la dernière année de sa vie .

 

 

 

 

En 1913, Vernet est aussi le sujet d’un guide difficile à trouver,

All about Vernet les Bains d’Alfred Emberson, illustré par son épouse,

Mary Emberson, qui fait partie du comité de construction de l’Église.

Il informe ses lecteurs britanniques qu’avant la construction de l’église, les Anglais, célébraient leurs

services religieux dans une grande salle au-dessous du club anglais (c.-à-d. le casino)

« qui faisait une petite chapelle  tout à fait convenable et satisfaisante,

mais qui devenait insuffisante la période la plus fréquentée de la saison d’hiver. »

Il y avait Vernet un chaplain, Mr. Ferris, qui dépendait de l’Église anglicane.

L’idée de la construction d’un lieu de culte naît en 1906, elle se réalise en 1912/1913

avec la construction de l’église Saint-George.


Le projet du Conseil presbytéral de Perpignan

C’est le premier projet que l’on connaisse. Les protestants réformés avaient trois temples dans les P-O,

à Perpignan, Amélie-les Bains, où le maire, le docteur Pujade, avait voulu un lieu de culte pour les baigneurs,

comme dans les stations thermales des Pyrénées, et à Collioure où une communauté de pêcheurs

venait d’inaugurer son temple, construit sur les plans de l’architecte Petersen au début de 1906.

Le pasteur  Camille Leenhardt, de l’Église réformée des Pyrénées-Orientales, souhaitait

le développement du protestantisme dans le département et connaissait l’Angleterre

où il avait été suffragant à Brighton.

Lors de sa réunion du 24 novembre 1906, Camille Leenhardt, informe le conseil presbytéral de son Église et

qu’il a été sollicité à préparer la construction d’un temple à Vernet-les-Bains » et dit

qu’il a offert  " d’ouvrir une souscription ouverte aux baigneurs jusqu’à ce que la somme suffisante soit trouvée. »

Le conseil approuve la proposition d’ouvrir un livre d’or des souscripteurs, confié

aux soins des directeurs des établissements et donne les indications suivantes :

"Le Conseil presbytéral de l’Église réformée évangélique de Perpignan et des Pyrénées-Orientales,

sollicité par les protestants français ou étrangers qui viennent chaque année plus nombreux apprécier

le séjour de Vernet-les-Bains, a décidé de construire un temple qui puisse répondre au désir de tous.

Le service y sera assuré régulièrement par le pasteur de Perpignan, le temple sera en outre

à la disposition des protestants étrangers qui désireraient y célébrer leur culte.

Le présent album de souscription sera présenté à tous ceux que l’œuvre pourrait

intéresser par les soins  les premiers souscripteurs.

Les dons seront transmis à M. le pasteur de Perpignan. Le Conseil, après prélèvement annuel

des frais de desserte capitalisera les sommes reçues et entreprendra la construction

dès que les sommes versées seront estimées suffisantes.

À cette date, il adressera à tous les souscripteurs qui auront bien voulu laisser leur adresse

un avis et si possible, une vue du temple qui leur apportera,

avec la gratitude du Conseil, l’assurance que leur souscription

a contribué à répandre la prédication de l’Évangile de Jésus–Christ."

Mais dès la réunion du 30 janvier 1907, le conseil apprend par le pasteur Leenhardt que :

" Les souscriptions en faveur du temple de Vernet ont été suspendues

depuis que le chaplain anglais qui y séjourne l’hiver a pris l’affaire en main.

Des pourparlers sont engagés pour que le Conseil ait simplement,

moyennant un arrangement à prendre,

le droit de disposer du temple construit par les Anglais en dehors

des heures prises par les Anglais."

Les souscriptions continuent cependant et le professeur Armand Sabatier,

André Salvador de Quatrefages3 commencent le livre d’or.

Il contient aussi les noms de souscripteurs britanniques : Earl L. Douglas,

Dr Robert Boxall qui sera membre du comité qui prend en charge le projet.

Les documents britanniques font état de réticences des Anglais à réaliser ce projet :

Mr Ferris (le chaplain) lit des lettres de la SPG4 dans lesquelles, ils ne souhaitent que fort peu souscrire à la création

d’une église pour l’usage commun des protestants français et anglais.

Mais le comité doit surmonter la difficulté créée par les lettres reçues de la SPG alors que la collecte faite à l’origine

et déposée en banque à Perpignan, au début de 1907, a été faite dans ce double but.

M. Kiechle suggère sortir de cette difficulté en faisant une église uniquement pour les protestants anglais qui,

par politesse la laisseraient à l’usage des protestants français pendant la saison d’été, moyennant une rente de 160 francs.

Dr Vale suggère que si la SPG l’accepte, le pasteur français soit invité à venir faire des services pour

les protestants français et anglais, pendant la saison d’été, quand il n’y a pas de chaplain anglais en résidence 8.

L’année suivante, Ferris écrit à E. Kiechle que " Diverses personnes ont retiré leurs souscriptions.

Elles pensent que les protestants français doivent construire une église pour eux

ou que le pasteur protestant de Perpignan pourrait louer un local pour eux."

 

En octobre 1911 encore, les documents de la SPG notent que les amis du chaplain Ferris

ont renoncé à une promesse de 3000 francs, « somme qui n’a pas été donnée parce que

les donateurs demandaient que l’église soit réservée exclusivement à l’usage de l’Église d’Angleterre. »

Le projet anglais

C’est donc le projet anglais qui est réalisé, mais plus lentement que prévu car des problèmes

naissent entre les acteurs du projet.

1 Les acteurs

-Le révérend A.H. Ferris, le chaplain anglican qui est à Vernet s’occupe d’abord du projet,

mais il en est finalement écarté.

En 1909, il se plaint des arrangements qu’il juge insuffisants de la SPG avec les propriétaires de l’hôtel de Vernet.

Le secrétaire de la SPG précise que, si le projet de construction de l’église démarre définitivement

et si les fonds augmentent la société est pratiquement certaine de lui allouer davantage ;

mais elle ne veut pas lui donner une rémunération plus haute de crainte

que les hôtels cessent d’offrir une pension gratuite aux chapelains.

Le secrétaire de la SPG dit clairement que si le déficit continue,

elle ne créera pas la chaplaincy à laquelle Ferris et la société sont très intéressés.

En septembre 1910, le Révérend. Ferris écrit d’Angleterre à E. Kiechle

pour lui dire qu’il a reçu sa licence de l’évêque de Londres et qu’il est en résidence à Vernet à partir du 5/11/1910.

Il lui rappelle que « c’est la coutume pour les chaplainies continentales

où les logeurs n’hébergent pas gratuitement la femme du Chaplain qu’elle paie une ½ pension.

Il demande à E. Kiechle de se conformer à cette coutume car « un chapelain résident

attire les visiteurs anglais , spécialement quand c’est une splendide personne comme moi et vous ne payez rien.»

Il s’inquiète aussi du projet de l’église : Est-ce que le Dr Boxall a oublié sa construction, qu’est-il arrivé ?

En 1909, plusieurs visiteurs de Vernet venus, pour certains d’entre eux depuis deux ou trois saisons,

envoient une plainte à la SPG et font la liste des griefs qu’ils ont dressés contre le chaplain :

1) Il est socialement impopulaire auprès des visiteurs qui viennent à Vernet.

2) Il n’invite jamais les nombreux chaplains qui y viennent à prêcher de temps en temps,

et ce qui est plus important, il ne leur demande jamais de l’aider au service de la Sainte communion ;

en conséquence ce service est très long et très fatigant pour beaucoup de personnes invalides

qui fréquentent Vernet.

3) En ce qui concerne l’église à bâtir, il n’est pas assez expérimenté,

il se contente à de rares intervalles et à contrecœur de demander de l’argent pour sa construction.

 

 


Les plaignants pensent qu’en considération de ces faits, il faut changer le chaplain.

Il part après la saison de 1911, mais 9 mois plus tard le comité de Vernet ne sait toujours pas

quelle somme il a versée au secrétaire de la SPG.

Le 1er avril 1912 le comité écrit au secrétaire de la SPG que chacun de ses membres refusera

de travailler sur le projet de l’église et de signer un quelconque document

ou d’emprunter de l’argent tant qu’il ne sera pas informé du montant dont Ferris

est responsable,de la somme qui est dans ses mains ou formellement garantie par la SPG.

-C’est l’Établissement thermal qui offre le terrain. Dans ses archives,

il existerait une copie de l’acte passé chez Maître Lambert Ques, notaire à Villefranche-de-Conflent,

acte remis par Émile Kiechle, directeur des Établissements thermaux,

de la session par le comte Henri de Burnay,

banquier demeurant à Lisbonne qui agit au nom de toute sa famille,

sa mère, veuve d’Henri de Burnay et ses huit sœurs et frères.

Il s’agit du don d’un terrain au lieu-dit « les Astrilles »

en bordure du petit chemin longeant la clôture ouest

du parc de l’Établissement thermal, terrain d’une valeur de 4000 francs.

En conséquence, le directeur de l’Établissement Emile Kiechle joue

un rôle important dans le comité qui se charge du projet.


-Le Comité britannique

Un comité temporaire se constitue dans le but de bâtir un lieu de culte pour l’importante colonie.

Il se réunit le 20 avril 1910.

En sont membres Émile Kiechle, Gustave Kiechle, le Rev Ferris, Lady Jaffray, Dr Oliver,

le Dr Vale, Dr Boxall, Mrs Donald (secrétaire), Mr Henderson–Hamilton,

et l’écrivain, V.C. Scott O’Connor5

Le 8 août 1910, il y a une autre réunion informelle avec l’arrivée inattendue du Dr Vale et du Dr Boxall,

présidée par Kiechle.

Ce comité suit soigneusement l’avancement du projet sous l’angle du financement et de la construction.

Des membres de ce comité deviennent les piliers de la congrégation anglicane.


-La SPG, Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts.

Ce comité fait appel à la SPG, vieille société fondée en juin 1701 par une charte du roi George III

à la demande de l’évêque de Londres pour envoyer des prêtres et des instituteurs

dans les colonies d’Amérique et fournir des hommes d’Église aux colonies ;

elle avait envoyé 300 personnes au moment de l’indépendance des colonies américaines.

Elle étend rapidement son activité au début du XIXe siècle et envoie des missionnaires

dans les colonies britanniques (Indes en 1820), (Afrique du Sud en1821)

et elle s’intéresse plus aux populations locales qu’aux colons.

Le XIXe siècle voit d’ailleurs croître le nombre des missionnaires indigènes et la société

commence à évangéliser hors de l’empire britannique en Chine en 1863 et au Japon en 1873.

Au XXe siècle, la société continue à représenter les espoirs missionnaires des Églises

de la communion anglicane.

C’est en décembre 1911, quand E Kiechle, le directeur de l’Établissement thermal donne au comité

une copie de l’acte de transfert du terrain pour l’église de la SPG qu’on décide de l’envoyer

à E.P. Sketchley, secrétaire de la SPG, pour acceptation officielle par sa société

ainsi qu’une lettre lui demandant de répondre dès que possible qu’elle avait accepté.

2 Les différents aspects du projet

-Aspects financiers


À la réunion du 20 avril, le comité décide de construire une église anglicane à Vernet-les-Bains avec

l’argent déjà collecté et de continuer la collecte.

Tout l’argent collecté sera envoyé à la SPG pour financer cet édifice.

Une réunion du comité aurait lieu tous les ans,

le 30 avril, et un bilan sera envoyé à la SPG qui avancerait 4000 francs.

Le montage financier présenté par Mrs Donald :

L’Établissement thermal veut bien souscrire à condition que les protestants français payent

l’utilisation de l’église lorsqu’il n’y a pas de service anglais.

Le comité pense qu’il faut résoudre la difficulté soulevée par la lettre de la SPG reçue par Mr Ferris,

née de ce que la collecte faite à l’origine et mise dans une banque à Perpignan, début 1907,

a été faite entièrement dans un double but.

M. Kiechle suggère de sortir de l’impasse en mettant la construction entièrement à la charge

des protestant anglais qui, par politesse, laisseraient les protestants français

utiliser l’église pendant la saison d’été contre une rente de 160 francs.

Le Dr Vale suggère lui que si la SPG accepte, le pasteur français soit invité à faire des services

pendant la saison d’été pendant qu'il n’y a pas de chaplain.

L’argent des souscriptions pour la construction de l’église sera gardé par les churchwardens ,

pour payer les dépenses du chaplain, le nettoyage et les réparations de l’église.

Le reste sera envoyé à la SPG en paiement de l’intérêt du capital

et pour rembourser en partie le capital.

La collecte totale à cette date est de 3618 francs : 1668 francs (visiteurs anglais à Vernet),

350 francs (surplus des collectes dans l’Église en 1909 après paiement des frais),

1200 francs, (argent collecté par Ferris), 400 francs (sommes versée par l’intermédiaire de la SPG).

Il faut ajouter à ce total, la somme qui a été recueillie par le pasteur français

et qui est sur un compte bancaire à Perpignan.

Le 21/06/1910, Ferris écrit de Londres à Kiechle pour le remercier de lui avoir envoyé

les plans de l’église et le prix des travaux le plus bas possible.

La SPG, dit-il est prête à verser £ 250 à 300, sur £ 500, si des personnes responsables

garantissent

le remboursement par versements.

La réunion du 8/0/8/1910 présidée par Kiechle examine la proposition envoyée par Ferris,

un prêt de £ 500 à 4% remboursable par versement de £100 en 5 ans au terme

duquel le bâtiment deviendrait la propriété de la SPG.

Le Dr Vale et le Dr Boxall suggèrent que le comité l’accepte aux conditions suivantes :

qu’à la fin de chaque saison la SPG ne puisse réclamer en versement que la somme qui restera

dans les mains des churchwardens, après payement de toutes les dépenses locales.

Kiechle propose, qu’en même temps la collecte soit poursuivie plus activement.

Le 10/10/1910, le secrétaire de la SPG écrit à Mrs Donald que la somme de 3000 francs

promise par les amis de Ferris ne sera donnée que si le bâtiment est réservé

uniquement aux Anglais.

Le 31/03/1911, 7500 francs avaient été réunis.

Le comité, à la réunion du 07/12/1911, se demande toujours dans quelle banque

Ferris a déposé l’argent donné pour la construction de l’église.

Le tableau des donations affiché dans l’église, sur la colonne des donations recueillies par Ferris

jusqu’en mai 1911 annonce 12 500 francs.

Le 11/03/1912, le comité écrit à la SPG que bien que les visiteurs soient inhabituellement nombreux ,

les sommes données sont faibles, ce qu’il attribue au retard du début de la construction du bâtiment.

La liste des souscripteurs britanniques en 1911/1912 que nous connaissons contient

une soixantaine de noms, parmi lesquels ceux du comité qui s’était chargé de la construction.

On y trouve aussi la souscription de Rudyard Kipling et de son épouse américaine, Carrie Balestier,

qui venait soigner son arthrite à Vernet 6.

Les souscriptions sont de 10 à 100 francs.

Le tableau des donations de l’église affiche 16 941, 25 francs en 1912 et 1913.

 


Dans un article du Daily Mail du 29/06/1913 relatif à la dernière réunion du comité à la fin de la saison,

Gustave Kiechle, trésorier, annonce que les dons non seulement ont permis de couvrir les dépenses

de la saison y compris celles relatives au chaplain, mais ont laissé un supplément de 317 francs

à ajouter au fonds de construction de l’édifice et que les dons pour ce fonds

lors de la dernière saison ont atteint 4441 francs (£ 177),

si bien que la dette de l’Église n’est maintenant que de £ 300.


-Plan et construction

Dès le 20/05/1910, l’architecte Berthier, un élève de Dorph Petersen dont le cabinet est

à Perpignan trace les plans pour la construction d’une chapelle anglicane

(nef, chœur et porche).

Le plan est une simple croix latine orientée nord-sud

avec un clocher sur le bras du transept au nord-est.

L’église est bien éclairée par des ouvertures cintrées, quatre de chaque côté de la nef,

deux dans l’abside, trois fenêtres au-dessus de l’entrée principale.

La décoration prévue est très sobre, à la différence des autres constructions de la station ;

la pierre est mise en valeur par les joints et les fenêtres et

le porche par leur encadrement de briques.

31 mars 1911, quand on dispose de 7500 francs, on décide de commencer la construction

et selon les archives de la SPG, « Mr. Kiechle, directeur des hôtels qui a toujours manifesté

beaucoup d’intérêt pour le projet propose que la SPG se charge du projet. »

Celui-ci, proposé le 07/03/1912 s’élève à 23 700 francs soit £ 1000 (10000 pour les fondations,

100 pour les plâtres, 4500 pour le toit et la charpente,

2300 pour les joints et les poutres qui sont travaillées aux extrémités, 2200 pour le plancher,

1500 pour les portes et les fenêtres et 2000 pour le chauffage).

Les plans sont envoyés à la SPG, on cherche une entreprise pour réaliser la construction.

Les courriers de Berthier sont adressés à Gustave Kiechle, c’est l’entrepreneur Jean Poncy,

de Vernet, qui est chargé du gros œuvre.

 


La réalisation

-La première pierre

Il fut décidé que Lord Roberts poserait la première pierre le 17 avril 1911.

Lord Roberts de Kandahar (1832/1914) est alors âgé de 79 ans ;

c’est le personnage le plus prestigieux de la colonie britannique.

Né en Inde, fils du général Sir Abraham Roberts.

Après ses études à Eton et dans les académies militaires de Standhurst et d’Addiscombe

il est entré au service de l’Armée de la Compagnie britannique des Indes orientales ;

il s’est fait remarquer à l’occasion de la rébellion indienne de 1857 ;

il a été promu général-major à l’occasion de la seconde guerre anglo-afghane

où il mène la bataille de Kandahar, il a pris Kabul. Il est anobli (baronnet) en 1882.

En 1885, il est commandant en chef des troupes britanniques de toute l’Inde, est nommé général en 1890.

En 1892, il est élevé à la pairie avec le titre Baron Roberts of Kandahar and Waterford.

Il est ensuite nommé commandant en chef des troupes britanniques en Irlande en 1893.

Il est nommé Field Marshal en 1895.

Nommé commandant en chef lors de la guerre des Boers en Afrique du sud

(décembre 1899/novembre 1900), il met fin à une série de défaites puis laisse la place à Kitchener.

Il est fait comte en 1901.

Il était la personnification de ce que Kipling qui lui dédia deux poèmes Bobs et Lords Robert

considérait comme le meilleur dans l’armée des Indes.

Il meurt de pneumonie en France à St-Omer en 1914 alors qu’il visitait les troupes indiennes du front.

Son corps fut exposé dans le hall de Westminster, c’est l’une des deux seules personnalités non royales

ainsi honorées au XXe siècle (avec W. Churchill) et il a droit à des funérailles d’État.

Il accepte de poser la première pierre de l’église de Vernet quand une somme suffisante

de 7500 francs permettra de commencer les travaux.

Il n’y aucune référence à cette cérémonie de la pose cette première pierre dans les minutes de la SPG.

Le comité espérait avoir les clefs le 30/11/1912. Après un délai considérable, faute de fonds

et pour d’autres raisons, le premier service eut lieu le dimanche 22 décembre 1912.

Une photographie de l’Église fut imprimée et donnée aux bienfaiteurs.

Avant son départ de Vernet au printemps 1913, Mrs Mary Emberson, churchwarden,

donne les informations sur les dégâts causés par les intempéries à la tour et au toit

et sur l’avancement des travaux.

Quand elle revient en octobre 1913, elle est satisfaite de la réalisation.


-La consécration

Une pétition sans date, signée par Mrs Bowlby, (churchwarden), demande à l’évêque de Gibraltar

de consacrer l’Église à Saint-Georges,

le patron de l’Angleterre.

On avait d’abord pensé que l’église relevait de la juridiction de l’évêque de Gibraltar,

mais une lettre de Bilbao, le 12 décembre 1912adressée à Mrs Donald,

apprend au comité que l’église de Vernet dépendait de l’évêque de Londres

et qu’il fallait demander à son suffragant, l’évêque Bury, évêque d’Europe centrale

qui résidait en Suisse, de faire la consécration.

L’église fut donc consacrée par l’évêque d’Europe centrale, le 11 février 1914,

et il y eut une réception au casino7à laquelle, à la demande de l’évêque, les chauffeurs

et les domestiques des visiteurs furent aussi invités .

Les archives de la SPG ne contiennent pas de compte rendu de cette consécration.

On connaît seulement la liste des donateurs qui ont offert des différentes pièces

destinées au lieu de culte.

L'orgue américain(Schiedmayer)8 est offert par la Princesse Henry de Battenberg,

sœur d’Édouard VII, mère de la reine d’Espagne et arrière grand’mère

du souverain Juan-Carlos.

Béatrice Marie Victoria Féodora, princesse du Royaume-Uni de Grande-Bretagne

et d'Irlande par son mariage, princesse de Battenberg était née le 14 avril 1857

à Londres et elle est décédée le 26 octobre 1944 à Brantridge Park.

Membre de la famille royale britannique, elle est la cinquième fille

et le dernier enfant de la reine Victoria et du prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.

Survivant à tous ses frères et sœurs et à plusieurs de ses enfants,

nièces et neveux, elle continue longtemps à faire des apparitions publiques

et décède à l'âge de quatre-vingt-sept ans.

Elle souffrait de rhumatismes qu’elle soignait à Vernet

L’autel est offert par Mr William Bowlby.

S’agit-il d’un membre de la famille de Sir Anthony Alfred Bowlby 9 ?

Le retable et le vitrail (par Bryans10 ) sont offerts par Mr S. de Thoren également.

Il s’agit de Sinclair de Satgé Issu d’une famille catalano-anglaise :

les Satgé, seigneurs de Thoren11.

Malgré ces dons, il manquait encore une cloche et un second vitrail dans le chœur.


Il reste quelques photos et quelques éléments qui ont été joints au livre d’or de l’Église réformée

ont été conservés par le pasteur Leenhardt.

 

 

Leenhardt a fait un rapport de la cérémonie à son conseil presbytéral le 20 février 1914 :

"M. le Président rappelle à partir de quelles circonstances il a été appelé à prendre officiellement parole le 11 février

à la consécration de l’Église anglicane de Vernet-les-Bains par l’évêque de nord et du centre de l’Europe.

Il espère que cette rencontre fraternelle où il a pu prendre rang, en robe dans le cortège du clergé anglican,

sera le gage de rapports cordiaux avec le chaplain dans l’usage de cette église

et facilitera le renouvellement de ce contrat 5 ans 5 ans.

Dans le livre d’or de l’Église réformée de Perpignan, Leenhardt a glissé le plan de son intervention

dans la cérémonie et un petit texte qui relate la cérémonie et les paroles de l’évêque anglican

qui « a remercié la France de son hospitalité, l’Église réformée de sa collaboration,

et a manifesté ses regrets, mais non son étonnement,

de ce que l’évêque romain se fut excusé. »

 

De la Première guerre mondiale à la fin de la Seconde


Après la Première guerre mondiale

Dès 1920 Vernet reprend peu à peu sa clientèle anglaise en hiver, espagnole en été. En 1924,

l’administrateur de l’Établissement thermal, Perestrello de Vascancello est dynamique

et ramène à Vernet la clientèle britannique, la princesse de Battenberg,

le marquis de Winchester ]accompagné de sa famille et de ses petits chiens...

Un inventaire fait en 1923 montre que l’église dispose de tout le matériel nécessaire pour le culte.

En 1925 le chaplain est E A Copleston.

Il précise qu’il n’a pas trouvé de registres des services et qu’il en a commencé un nouveau

et qu’après Emberson qui était churchwarden avant la guerre, il ne semble y avoir eu personne.

« La gouvernante s’intéresse peu à l’église et que ce serait bien

qu’il y ait quelqu’un à côté de chaplain pour surveiller l’église et la collecte. »

Le chaplain Lambert entretient de très bons rapports avec le directeur de l’Établissement.

D’Oxford, il lui écrit « My Dear Perestrello », le remercie de l’accueil que Perestrello

et son épouse lui ont fait, lui demande de menus services,

lui dit son souhait de revenir à Vernet et échange avec lui des informations mondaines relatives

à l’aristocratie britannique.

En 1926/27 les comptes contiennent une liste de 25 familles de souscripteurs ou cotisants

qui donnent en général une centaine de francs (40 euros ?) chacune.

Parmi les donateurs on trouve encore des membres de l’aristocratie

comme la comtesse douairière de Jersey, la douairière Lady Ley, Lady Robson, Lady Lechmere,

Lady Somerleyton, Lord Ullswater, Lord Elphinstone, le comte de Bradford, Hon. Miss Ward,

Hon.Miss Leigh, des militaires, le capitaine Drummond,

le capitaine et Mrs Lechmere, un Rev. Downes.

Les dépenses comprennent le salaire du chaplain (1200 francs) et la note d’hôtel

de l’hôtel du Portugal qui est chargé de l’entretien de l’église (1200 francs).

À noter la somme versée aux Mediterraneen Missions to Seamen, 1000 francs environ 12.

Ces comptes montrent les bons rapports avec le curé de Vernet auquel les anglicans

donnent 350 francs pour les pauvres et 535 francs pour le vendredi Saint en 1926/27

et, en 1929, 825 francs pour les pauvres (mercredi des cendres) et 346 francs

pour le vendredi Saint et enfin la somme envoyée à la SPG, £ 21.

Le Royaume–Uni est affecté par la crise économique provoquée par le krach boursier d’octobre 1929.

En 1930, le chaplain dresse la liste de ceux qui apportent leur contribution à l’entretien du lieu de culte,

il relève 23 familles, certaines y participaient dans les années 20 :

le comte de Bradford, Lady Ley, le major Thompson ; à noter Lord et Lady Louth (14th Baron

, Randal Pilgrim Ralph Plunkett (1868-1941), officier dans the Westminster Dragoons

et le Wiltshire Regiment, il a servi pendant les deux guerres mondiales

(la famille Plunkett de Tallanstown, descendait de Sir Hugh de Plunkett,

un Anglo-Normand arrivé en Irlande pendant le règne d’Henri II.)

La SPG défend son pré carré : le secrétaire pour l’Europe écrit au chaplain Lambert

pour se plaindre que « certaines sociétés religieuses en particulier la Church Army,

une Église évangélique opère dans beaucoup de parties du domaine

de la communion anglicane.

Cette église évangélique fondée en 1822 par le Rev. Wilson Carlile pour s’occuper des pauvres,

des criminels, des enfants abandonnés etc.envoie des hommes d’Église ou des laïques

sur le continent pendant la saison d’hiver pour obtenir de l’argent des visiteurs.

«  Ces agents, dit la SPG, demandent fréquemment à nos chapelains de leur donner

une collecte ou au moins de les laisser prêcher pour leur société en invitant à donner. […]

La SPG ne peut accepter que ceci soit fait dans nos chaplaincies.

Aucune collecte ne peut être faite sans l’autorisation préalable de la société,

pour les raisons suivantes :

1)    La SPG doit s’occuper des chapelains, des services et parfois des églises des chapelains,

des malades pour tuberculose ou autres maladies ;

2)    Elle doit s’occuper des étudiants qui suivent des cours dans les universités françaises et,

l loin de chez eux sont exposés à de grandes tentations ;

3)    Des petites communautés de Britanniques pauvres en Europe qui sont incapables d’entretenir eux-mêmes un chaplain.

Toutes ces bonnes œuvres sont financées par le surplus des collectes reçues ici et toute diminution

de ces collectes correspond à une diminution de notre pouvoir à aider ces gens qui ont tellement fait appel à nous.»

De grosses réparations sont faites en 1930 (788 francs), elles sont supportées

par un certain Lawson (?) mais les budgets diminuent un peu petit à petit.

Le chaplain Lambert dresse aussi, en 1931, l’inventaire du mobilier de l’église

qui est encore bien dotée en chaises (150), en livres de prières (Prayers Books),

livres de cantiques (Hymn books), dispose d’un orgue américain (Schiedmayer),

de vaisselle pour le culte (calices, plateaux)

et d’habits sacerdotaux…

Les temps sont plus difficiles dans les années 30 et Claude Aveline décrit

avec un humour piquant le décorum vieillot qui entoure les visiteurs anglais

à l’Hôtel du Portugal :


À Vernet-les-Bains, nous retrouvons le monde dit civilisé. Comme il sied dans ce monde, au Grand hôtel du P…

où nous somme descendu et qui ressemble à n'importe quel grand hôtel, tout perd son nom et même sa nature.

L’hôtel est un palace, le déjeuner un lunch, l’ascenseur un lift, la soupe un potage, le café un moka,

la salle de bains une « général bath room ».

La nourriture y prend un goût sans rapport avec les produits dont elle est censée être faite.

Quel est ce  poisson ? et cette viande ?

Tout est factice, et la cascade artificielle.

Cela ne veut pas dire que tout soit désagréable. Dans la somptueuse salle à manger moins de clients que de serveurs ;

près de nous un couple de vieux britanniques, strictement destiné à l'exportation, tant ils ressemblent à l’image absurde

que les Français se font de tous les Anglais.

L'homme, nous le baptisons naturellement le général Bath-Room, et nous établissons sa biographie.

Unique rejeton d'une humble famille du Sussex, la famille Bath, il fit dans l’armée une brillante carrière,

célèbre par ses insuccès durant la campagne du Transvaal. Au cours de la guerre de 14/18,

il fut détaché sur le front français.

Comme il était d'une extrême laideur, nos soldats firent de son nom un terme d’argot synonyme de beauté, d’élégance.

Cette expression eut une faveur extraordinaire au même titre que titre que poilu, cafard, toto

et depuis on dit couramment chez nous : C’est Bath. (L’esprit des tranchées).

Le roi l’avait ennobli. Pour finir Bath venait d’épouser l’étonnamment vieille et riche Miss Room,

dont nous avions l’affligeant spectacle sous les yeux.

Pardon…13

Les protestants réformés

À la veille de la guerre, les protestants réformés, à la recherche d’un lieu de culte,

entrent à nouveau en contact avec les anglicans.

Le pasteur annonce au conseil presbytéral que " par suite de nombreux départs,

le culte de Prades a cessé et qu’il s’est mis en relation avec la société propriétaire

de la chapelle anglaise de Vernet et a obtenu l’autorisation

d’y célébrer le culte à condition d’entretenir l’immeuble.

Désormais les disséminés de Prades pourront assister au culte créé à Vernet

qui devient une nouvelle annexe."

Le conseil approuve cette initiative.

La période de la Seconde guerre mondiale

Les quelques renseignements que nous avons trouvé sur cette période proviennent

de Madame Isabelle Manfrédi et de son frère.

Ce sont les petits enfants de Mme White qui était la propriétaire de l’Hôtel Alexandra.

Ana Maria Klaini était née en 1895 ;

son père avait suivi Maximilien. Autrichienne et luthérienne elle avait épousé

à Londres en 1924, celui à qui elle donnait des cours de langue,

Arthur White, né à Heckmondsurke en 1887 ;

elle était devenue britannique et anglicane par son mariage. Arthur White,

qui avait été gazé pendant la guerre de 1914/1918, décède le 21 avril 1937.

La famille White est en relation avec le consulat britannique de Toulon

et pendant la guerre Ana White a les clefs de l’église anglicane

et reste en contact avec les anglicans au sujet de l’église.



L’église anglicane de Vernet est fermée ; nous n’avons pas trouvé d’informations

sur les années de l’immédiat après-guerre.

L’église appartient désormais à l’United Society for the Propagation of the Gospel

qui a pris la suite de la Society for the Propagation of the Gospel.

 

Le sort de l’église anglicane après la Seconde guerre mondiale


Le culte catholique à l’église Saint-George jusqu’à la fermeture préfectorale


Le culte catholique était célébré dans l’église paroissiale Saint-Saturnin,

et la petite chapelle N.D. des victoires (60 places) attenant à l’ancien presbytère.

Vers 1956, le père Gavory, curé de Vernet, obtient de Mgr Henri Bernard, évêque de Perpignan,

l’autorisation d’une nouvelle construction, (plan architecte Graël).

Il fait des réunions, lance des souscriptions, envoie des prospectus dans toute la France.

Le 25 avril 1958, la première pierre de ce qui allait être la crypte de N.D. du Paradis est posée,

la première messe dite en août 1958

dans le jardin du presbytère.

Mais, à la mort de Mgr Bernard en 1958, son successeur est moins favorable à la construction

qui est stoppée aux murs et 1966, le père Gavory meurt, le père Abelanet puis,

puis l’abbé Olive, lui succèdent.

Il veut relancer la construction de N.D. du Paradis mais se heurte

à une opposition catégorique de la part de l’évêché.

Selon un rapport du Rev. Evans, le dernier prêtre britannique, Canon Wilson,

était parti en 1970,le père Olive entreprend alors des démarches

pour que l’Église St-Georges soit prêtée aux catholiques au moins l’été.

Quelles sont les raisons de la demande de l’abbé Olive ?

L’église Saint-Saturnin était en haut du village et l’église Saint-Georges

était sur l’autre rive du Cady ; c’était un bel édifice plus spacieux

que ceux du culte catholique, pouvant accueillir un plus grand nombre de fidèles ;

les rapports entre le prêtre anglican et le curé catholique étaient bons14.

Le bail est signé en avril 1972, sous la forme d’une convention entre l’USPG15,

dont le siège est à Londres, 15 rue Tufton,

représentée par le chanoine George Tibbatts, et l’abbé Michel Olive, curé de Vernet-les-Bains.

Il débute le 1er juillet 1972, pour trois ans, renouvelable par tacite reconduction.

Le preneur s’engage à faire des réparations pour une somme 4702,73 francs,

à payer les impôts, taxes et frais professionnels.

Les catholiques utilisent l’église de la Pentecôte à la Toussaint

pour la grand’messe du dimanche, cette église étant la plus spacieuse de Vernet.

Par contre elle est excentrique.

Le 22 janvier 1994 l’abbé Olive et Roger Torreilles, membre du Comité paroissial

écrivirent à l’USPG pour demander à Londres de l’aide pour l’entretien de l’édifice :


Depuis plus de 20 ans maintenant nous occupons l’église St-Georges. Durant ce laps de temps,

nous n’avons cessé de faire des travaux importants de remise en état de l’édifice d’entretenir l’église

chaque fois que son état le demandait surtout après les pluies abondantes d’automne

et les deux hivers neigeux de 1986 et 1993.

Par ailleurs, la décision arrêtée de la finition partielle de N.D. du Paradis avec approbation évêché,

demande un effort financier important.

La lettre signale le mauvais état du plafond et demande « de couvrir cette dette .

Cette lettre est adressée à l’USPG qui répond, le 28 janvier 1994,

qu’il y a eu des changements d’organisation chez les anglicans,

qu’elle n’est plus responsable de l’édifice depuis une vingtaine d’années

et qu’il faut s’adresser au Diocèse anglican de l’Europe16.

Les règles de sécurité deviennent de plus en plus contraignantes.

À la suite d’une visite périodique du 4/06/1996, la commission de sécurité

en présence de M. Antoine, représentant de la paroisse demande

« la fermeture au public du temple de Vernet à cause de non conformités graves »,

notamment : les installations électriques, le dégagement à rendre conforme

(sens des portes du sas), l’absence de moyens de secours,

des fissures importantes à la charpente

et la stabilité des planchers à vérifier.

Aussi le 3/07/1996, le sous-préfet de Prades « demande à M. le Maire de la commune

de procéder sans délai à la fermeture de l’établissement. »


L’archimandrite maronite dans l’église anglicane

À cette date, l‘église Saint-George est utilisée par un ecclésiastique très particulier,

l’archimandrite Jean Ibrahim Van Buggenhout,

rattaché à l’archimandritat grec-catholique de Bordeaux,

auquel le père Olive qui n’arrivait plus à faire face aux travaux d’entretien

de l’église Saint-Georges, à cause des travaux entamés à N.D. du Paradis

avait confié le dossier, « à cause de sa capacité en droit international

pour lui trouver une solution et pour éviter à l’évêché de Perpignan les réparations

qui devaient être à sa charge d’après les données du contrat. »

L’archimandrite fait écrire par sa secrétaire qu’« il a fait changer les serrures

parce que l’église est interdite au public par arrêté préfectoral du 6/06/1996. »

L’affaire est compliquée parce que la mère adoptive belge, célibataire, de l’archimandrite,

Germaine Van Buggenhout, qui réside à Prades a entreposé dans l’église (fermée)

les meubles de son ancien domicile.

Le 9 mai 1997, le révérend. David B. Evans, prêtre de l’Église d’Angleterre à Pau vient à Vernet,

à la demande du vicaire général du diocèse anglican en Europe17.

Il découvre donc que l’église est fermée et que l’archimandrite maronite s’en sert comme

entrepôt des meubles de sa mère adoptive (belge) et a changé les serrures.

Le 16 mai 1997 Mgr Fort, évêque de Perpignan, est saisi de l’affaire.

Il écrit au rév. Evans pour examiner la situation de l’église Saint-George

et « préparer les décisions à prendre ». Il précise que l’archimandrite Van Buggenhout

rattaché à l’archevêché grec-catholique de Tripoli et Nord-Liban,

est en France à la suite de graves difficultés « qui n’ont pu se résoudre sans un procès

devant la justice civile, sans aucune mission, ni de la part de l’évêque de Perpignan,

ni de celui de Tripoli » est seulement autorisé à célébrer l’eucharistie

dans l’église paroissiale de Fillols, sans que l’évêque lui confie la charge curiale

qui est confiée au Père Blondeau ; et il demande au révérend Evans

«  de ne traiter qu’avec lui la situation de l’église Saint-Georges

jusqu’à ce que sa situation juridique soit claire. »

Le 02/01/1998, le révérend Evans informe Mgr Fort qu’il s’est entretenu de l’église St-George

avec les autorités anglicanes, en particulier le vénérable Gordon Reid, Vicaire général,

et il écrit de la part de l’évêque Mgr John Hind

qu’après une enquête auprès des Anglais de la région, le diocèse anglican trouve bon

de recommencer à utiliser l’église.

Il s’agit d’essayer peut-être une eucharistie par mois dont il s’occuperait lui-même,

venant de Pau.

Il ajoute : « Nous regrettons de vous déranger, mais nous vous demandons

d’avoir la gentillesse de faire part à tous de notre intention.

Nous souhaitons que Mgr Van Buggenhout enlève les affaires de sa maman. »

Le 08/02/1998. Mgr Fort envoie un fax au Rev. Evans pour lui proposer une rencontre

et l’avertir qu’il a demandé à l’archimandrite de vider l’église et de rendre les clefs,

il propose également au Rev. Evans de traiter les questions de sécurité et d’assurance de l’édifice.

Mais l’archimandrite refuse de céder l’église.

Le 13/11/1998,  sa secrétaire  envoie une lettre recommandée au Révérend Evans ;

elle lui reproche sa précipitation à vouloir récupérer, le 04/12/1998, l’église dans laquelle

« il y a des dizaines de m3 entre meubles et livres » que l’on ne peut déménager, dit-elle,

sans avoir recours à fois l’accord d’une entreprise de déménagement et

celui de la préfecture des P.-O. à cause de la fermeture et demande l’autorisation

de travaux pour vider les lieux. »

Par contre, ajoute-elle, si votre Église possède déjà les fonds nécessaires pour restaurer

l’église et la rendre accessible, je vous serai gré de bien vouloir me faire parvenir

l’autorisation signée par M. le maire de Vernet-les- Bains.

Ce document m’est indispensable. »

Le 16/11/1998, la secrétaire de l’archimandrite écrit encore à l’USPG, qu’elle pense être

la propriétaire du bâtiment pour lui exposer quelle est, selon elle, la situation.

Pour aider l’abbé Olive, Van Buggenhout aurait fondé immédiatement une association

qui porte le nom d’église Saint-George destinée à remettre l’église en état et l’assurer.

Elle se dit surprise du souhait du Révérend Evans exprimé à Mgr Fort de célébrer

l’eucharistie le 4 décembre 1998 dans un bâtiment interdit au public

et menace de laisser à l’abandon cette église interdite au public.

Le 24/11/1998, l’avocate bruxelloise de la mère de l’archimandrite  qui est venue à Vernet ,

a pris possession des clefs et a visité l’église adresse une mise en demeure à Mgr Fort

et au révérend Evans, les menaçant, s’il y a infraction

(fracture des portes ou changement des serrures)

de faire constater l’infraction par la gendarmerie,

d’informer immédiatement le procureur de la République et le préfet des P-O.

Elle envoie en RAR, une lettre au « pasteur Evans » le menaçant de le traîner en justice

s’il fait retirer les affaires de sa cliente entreposées dans l’église

« sans ordonnance motivée rendue par le Premier Président

de la cour d’appel de Montpellier ou son représentant au T.G.I. de Perpignan. »

« Il est hors de question de se soumettre à l’arrogance

de quiconque souhaite se mettre en état d’infraction ou enfreindre

l’arrêté préfectoral du 4/6/1996. »

Le 20/11/1998, l’économe diocésain écrit à l’archimandrite pour lui demander

de restituer l’église et les clefs à l’église anglicane avant le 15 décembre.

Le 25/01/1999, l’USPG répond à la secrétaire de l’archimandrite

qu’il a fallu rechercher dans les archives les documents relatifs à l’église St-George,

que cela fait plus de 20 ans que c’est le diocèse anglican de l’Europe

qui est responsable du bâtiment et que le seul interlocuteur est le Révérend Evans.


les nouveaux projets du XXIe siècle


Le retour des Britanniques en Conflent et la découverte de « l’église oubliée »

Au début du XXIe siècle, la communauté anglophone se développe

assez considérablement en Cerdagne.

L’enquête faite par la mairie de Vernet en 2005 auprès des communes du Conflent

met en évidence le nombre de ceux qui sont venus s’y installer et,

à la différence de leur concentration à Vernet au début du XXe siècle,

ils sont dispersés dans différents centres, Ria (35) Vernet et Rodes (28),

Corneilla, Los Masos et Eus une vingtaine…

Vinça a été le sujet d’un travail universitaire18.

Cette étude souligne qu’à l’intérieur du canton de Vinça 50% des maisons de village

vendues entre 2000 et 2005 ont été achetées par des étrangers qui étaient du nord de l’Europe .

À Vinça, ces acquisitions représentent 34 transactions sur 152, soit 23%.

Pour quelles raisons ?

Ces étrangers viennent du Nord de l’Europe, il s’agit essentiellement d’Anglo-Saxons ;

ils recherchent avant tout un village possédant un cachet rural très marqué

à l’écart des grands pôles urbains pour y passer des vacances paisibles.

Ces ménages viennent dans le canton pour y profiter des sites naturels, du climat,

mais aussi pour s’imprégner de la vie culturelle.

Vinça, selon eux, correspond parfaitement à la représentation qu’ils se font

du village traditionnel français.

Les commerces de proximité, la gastronomie, la convivialité entre les habitants,

sont des atouts importants qu’ils ont évoqués lors de nos entretiens.

Les étrangers qui s’installent à Vinça sont bien accueillis par les habitants,

ils arrivent souvent à nouer des contacts.

Beaucoup d’entre eux s’inscrivent dans des associations,

ce qui est un moyen de faire des connaissances et de participer à la vie villageoise. […]

Parmi eux des cadres qui n’ont pas nécessairement besoin d’être présents

quotidiennement dans les locaux de leur entreprise pour travailler.

Ils ont été agréablement surpris de découvrir en 2004

que la commune avait une connexion internet haut débit (ADSL),

grâce à laquelle ils peuvent travailler avec des collègues de travail lointains.

Ils utilisent la compagnie aérienne Ryan Air qui affrète des lignes Perpignan-Londres

éloignés de plusieurs milliers de kilomètres.

Ces étrangers qui connaissent les prix exorbitants de l’immobilier au m2

dans les grandes villes du nord de l’Europe

recherchent les maisons anciennes et engagent de grandes sommes d’argent

pour leur achat et leur réhabilitation.

Ils sont sensibles à la qualité patrimoniale des lieux et désirent effectuer

une restauration à l’identique ; utilisant des matériaux authentiques et coûteux

comme les enduits à la chaux, les menuiseries travaillées

et les parquets en bois traditionnels.

Ces ménages de Vinça sont âgés d’une cinquantaine d’années

et leurs nouvelles habitations doivent devenir une résidence confortable

quand ils seront à la retraite.»

Les informations orales et leur journal P.-O. life apportent aussi des échos

de leur activité professionnelle dans le département.

Quand ils sont des résident temporaires, ce n’est plus la saison d’hiver,

c'’est l’été qui les attire le plus souvent :

« Richard confirmed that he will be away from France from 1st october

and do not returning until late april. »

Ces retours hivernaux en Angleterre permettent de faire avancer

les discussions relatives à l’église avec les autorités anglicanes.

C’est dans ce contexte de retour des Britanniques en Conflent qu’en 1997,

le révérend Evans, chaplain de Saint André à Pau (Pyrénées-Atlantiques),

reçut un appel téléphonique de Gordon Reid, vicaire général du diocèse en Europe,

lui demandant d’aller à l’autre bout des Pyrénées inspecter

et faire un rapport sur une « église oubliée »

dont il venait juste de découvrir que le diocèse était propriétaire.

Des changements interviennent au tournant du siècle ;

la mère adoptive de l’archimandrite meurt à Prades le 26/02/1999 ;

en Janvier 2001 le révérend Evans prend sa retraite et peut s’occuper

plus aisément et avec beaucoup de persévérance de l’église de Vernet ;

l’Église catholique veut se désengager du problème de l’église anglicane.

« A new era dawns »

C’est ce que souhaite le révérend Evans qui s’attache particulièrement à la tâche .

Le 12 /05/2004, le secrétaire diocésain du bureau financier Adrian Mumford lui écrit :


Il est très intéressant d’apprendre que notre propriété, l’église de Vernet est maintenant inoccupée

et en tant que Secrétaire du Diocesan Bord of finance, institution qui fonctionne comme propriétaire de

tous les biens du diocèse « j’autorise volontiers l’entrée dans cette propriété

même s’il sera nécessaire d’y pénétrer de force, en supposant que l’église soit vide.

Le but de cette action est de restituer cette église à son propriétaire le diocèse pour la donner éventuellement

à l’utilisation de la communauté britannique de la région.

Il faudra dépenser une petite somme pour l’emplacement de nouvelles serrures efficaces dont les clefs seront confiées

à une personne compétente qui habite la région connue par le bureau financier diocésain et par le révérend Evans.


Le 8 septembre 2004, le révérend Evans demande à l'évêque

la résiliation du bail et la confirmation de l’évacuation des effets entreposés à l’intérieur de l’église

par l’archimandrite ou bien l’autorisation de saisir la justice compétente afin que le diocèse anglican puisse y procéder.



Le 9/09/2004, Christian Payrou, maire de Vernet demande au Révérend Evans de prendre les mesures nécessaires

pour assurer la sécurité du bâtiment et de ce qu’il contient.

En réponse,  le révérend demande au maire son aide pour effectuer l’entrée dans l’église,

faire l’inventaire et la mettre en sécurité ainsi que pour faire examiner le bâtiment par des personnes compétentes.

Le 16 septembre 2004, le révérend Evans avertit l’archimandrite qu’il a procédé l’évacuation des objets

entreposés dans l’église qui sont mis dans un local prêté par la mairie pour trois mois.

Le 20/10/2004, après avoir visité l’église,

le révérend Evans écrit au maire pour lui proposer une rencontre et planifier les projets pour le bâtiment.

Il semblerait utile, dit-il, de diviser les travaux en trois parties :

1)    Pour la réouverture de l’église (lever l’interdiction)

2)     Pour la réouverture de l’église en tant que lieu de culte,

3)    Pour que l’édifice puisse avoir une utilisation culturelle adaptée aux habitants de Vernet.

Le révérend a fait appel à un Britannique anglican, Mr John Marshall, spécialiste du bâtiment,

installé « à une heure de Vernet » pour l’aider à maîtriser le vocabulaire du bâtiment

et pour suivre, bénévolement, les affaires de St-George et, grâce à la mairie,

il est entré en contact avec deux bureaux de contrôle.

De nouveaux projets peuvent être faits pour l’église : elle restera un lieu de culte

mais elle aura une nouvelle vocation culturelle pour Vernet-les-Bains.

Il faut donc chercher à financer les travaux.

En 2005 un groupe de pilotage se constitue, des réunions ont lieu avec les représentants de la mairie,

Marie-Claude Civade, (directrice générale des services) Robert Lœillet, (adjoint),

Brian Temple-Brown (Rigarda), un résident permanent, Richard Duncan, Anne Bramley (Los Masos),

résidente permanente, David Ketteman (Marquixanes)…

pour approfondir ces projets.

Un calendrier des actions est préparé.

Comme, le bâtiment est fermé, le révérend Evans demande à l’évêque de Perpignan de faire

les services anglicans dans la petite chapelle moderne N.D. du Paradis,

au centre de Vernet, ce qui lui est accordé, après la consultation du curé de Vernet.

La visite de la Commission de sécurité du 12 septembre prévoit des aménagements mineurs.

L’accueil doit être inférieur à 300 personnes, il faut 4 blocs d’éclairage de sécurité (sorties),

3 extincteurs, une rampe d’accès à l’entrée, une ouverture de l’entrée par deux portes battantes…

Une nouvelle association cultuelle est constituée en application des règles préfectorales,

inscrite au Journal officiel, avec le révérend Evans comme président,

Richard Duncan comme vice-président,

David Ketteman comme secrétaire et Andrew Stokes comme trésorier.

Le révérend Evans est chargé de négocier la « vente » de l’église à la mairie,

comme cela s’est fait pour l’église anglicane de Trieste, avec la garantie

qu’elle soit aussi bien une église qu’un espace culturel.

Le compte rendu du 4/05/2006 fait le bilan de l’avancement des projets.

En 2006, pendant la semaine Sainte, le secrétaire diocésain, Adrien Mumford,

et l’officier diocésain des finances, Nick Wraight, viennent à Vernet,

ils sont impressionnés par le bâtiment et les possibilités

qu’il offre et promettent leur soutien à Londres.

On décide de consulter le bureau de contrôle APAVE.

Le maire est rencontré et se montre très favorable au double usage du bâtiment

par la population locale comme lieu de culte et centre culturel.

La congrégation religieuse se construit, « petite mais vigoureuse ».

Elle commence avec 26 personnes elle ouvre un compte à la Banque Populaire

et peut commencer des services réguliers dans la chapelle N.D. à partir de Pâques.

Le 24/10/2006, une réunion a lieu au Service départemental de l’Architecture

et du patrimoine des P.-O. présence du Chef du SDAP, Lucien Bayrou,

de l’adjoint au maire de Vernet, Bernard Lœillet et du Révérend David Evans,

au sujet du projet de restauration de l’église Saint-George.

L'architecte L. Bayrou propose d’utiliser la ligne budgétaire : « petit patrimoine non protégé »,

de demander un financement à deux banques :

la Fondation du Crédit Agricole et la Fondation de la Banque Populaire ;

à l’Association la Sauvegarde de l’art français présidée par Mme Jonquères d’Oriola

à la Fondation du Patrimoine…

et l’espoir est mis sur une action commune franco-britannique pour ce projet.

L’aide du ministre Denis MacShane, venu célébrer le centenaire de l’Entente cordiale

à Vernet- les- Bains, est évoquée.

Le jeudi 9/11/2006, l’Association des Amis de Saint-George annonce dans L’Indépendant :

« Fermée depuis longtemps cette belle église anglicane se dégradait doucement,

les Amis de Saint-Georges souhaitent la remettre en état. »

« Quelques personnes habitant le Conflent ont pu persuader l’Église anglicane, à Canterbury,

de céder gratuitement le bâtiment à la commune de Vernet- les-Bains.

Bien qu’en restant un lieu de culte anglican le dimanche, le bâtiment se transformerait

en centre culturel.

L’excellente acoustique permettant toute une gamme de concerts de musique de chambre

ou de récitals de solistes.

Il se prêterait aussi à de modestes conférences et expositions. »

On espérait rouvrir l’église en septembre 2007.

Il fallait supprimer les non-conformités pour rouvrir l’église.

Trois visites dans les derniers jours de juillet 2005 décrivent son état.

L’ingénieur Clive Dalton, membre perpétuel de la Société pour la protection des Bâtiments anciens

en Angleterre établit le diagnostic suivant :

Le bâtiment (qui avait été solidement construit) est en meilleur état que prévu avec plusieurs bonnes remarques.

Il a été récemment équipé d’une mise à la terre des installations électriques.

Le câblage bien que ne correspondant pas aux normes actuelles ne devrait pas être difficile à renforcer afin de compléter

la mise à la terre.

L’arbre qui a abîmé le toit du côté nord a déjà été coupé.

Les travaux les plus urgents sont le changement de l’éclairage à la porte occidentale ; la réparation du toit qui a perdu des tuiles,

ce qui a causé des gouttières dans le plâtre du plafond ;

le traitement des poutres abîmées elles aussi à leurs extrémités, l’abside et le plancher qui s’est affaissé ont aussi besoin de réparations.

Il ya également quelques travaux de plomberie et il faut réparer la porte occidentale.

D’autres travaux sont moins pressants concernant les plâtres à l’intérieur et les joints à l’extérieur, les grilles et les charnières des fenêtres.

Le chauffage central par thermosiphon doit être révisé ou remplacé.

En juin 2007, l’évêque de Gibraltar, du diocèse en Europe de l’Église anglicane propose

un projet de convention à la mairie de Vernet.

Comme envisagé, le diocèse propose de léguer l’église Saint-George à la commune.

La destination sera un centre culturel pour tous les habitants du Conflent,

mais également un lieu de culte pout les Anglicans.

 

 

Le projet n’avance pas aussi vite que prévu car les juristes français n’interprètent pas les textes comme les Britanniques.

A leurs yeux, c’est la SPG (USPG) et non le Diocèse anglican en Europe qui est le propriétaire du bâtiment.

Il faut donc demander son accord à l’USPG.

Il fallait aller vite car il y a les élections municipales de mars 2008, en France.

On réussit à signer l’accord le vendredi qui précède les élections à 17 heures.

Le maire qui avait beaucoup aidé le révérend anglican fut battu,

mais son successeur, Mme Jalibert, était intéressée par le projet et prête à lui apporter son aide.

Pour démontrer l’engagement de la communauté britannique à l’édifice,

le beau vitrail de l’église a été totalement restauré par un artisan d’Elne et un autre vitrail représentant San Jordi,

qui doit lui faire pendant dans l’abside et apporter une note catalane à l’édifice est demandé

au même verrier Louis Aufner d’Elne.

Des études préalables à la rénovation sont effectuées en 2008, encore en 2010.

Il fallait environ 53 000 euros pour cette rénovation.

En 2011, la communauté anglicane a continué de grossir avec 38 membres

qui reflètent la population britannique du Conflent.

Elle compte 31 retraités et 7 actifs. Elle est formée d’une majorité d’enseignants (10), de 4 infirmières,

2 médecins, 2 notaires, 2 ingénieurs, 2 coiffeuses… et de 3 prêtres.

Ils habitent en Conflent, très peu sont à Vernet.

Les services religieux anglicans ont lieu à la chapelle N.D. du paradis.

L’église a pu être ouverte, par mesure exceptionnelle,

pour sa nouvelle consécration le samedi 9 juillet 2011 .

 

 

 

 

 

Le carillon

Malgré le Brexit l'église Saint-George continue à être entretenue et embellie.

L’association cultuelle de l’église anglicane  a souhaité installer un carillon de dix cloches dans le clocher de l'église.

Une nouvelle convention a été établie avec la commune à laquelle ce patrimoine campanaire sera cédé plus tard.

Après Ypres et Dordrecht c'est un troisième site où l'on peut pratiquer le "change Ringring".

Les cloches anglaises ont un fonctionnement très particulier.

Cette technique de sonnerie, née il y a 400 ans, est appelée "change Ringing" :

un système de cloches sur roues tournant à 360 degrés, combiné à un système mécanique de bâtons

permettant de retourner les cloches à l'envers, offre une meilleure précision du son des différentes cloches.

10 cloches anglaises ont été  installées dans la tour de l'église .

Michael Strutt, le coordinateur du projet, précise que le « Keltek Trust »

(un organisme qui finance la conservation et la réutilisation de cloches anglaises)

a fourni deux cloches modernes (datant de 1953 et 1964).

Les huit autres sont entièrement nouvelles cloches et ont été fondues par John Taylor Bellfounders,

la plus grande fonderie au monde, installée à Loughborough, en Angleterre.

 


Le carillon anglais, le seul en France a été inauguré en 2019 .

 

 

L'Indépendant s'est fait l' écho de ces bonnes nouvelles 19.

Dans le cadre du 20ème Festival International de Carillon de Perpignan,

l'église Saint-George a accueilli les sonneurs de la cathédrale St Paul de Londres à Vernet

le week-end du 13 et 14 août 2022.

La Guilde a fait sonner un concert de 5000 changements le samedi matin, pendant environ trois heures.



À l’heure de l’Angleterre impériale et de l’Entente cordiale, Il avait fallu presque une dizaine d’années (1906/1914)

pour réaliser un projet aristocratique, réservé aux seuls anglicans.

Actuellement le Royaume Uni est sorti de l’Europe communautaire, mais l’Église Saint-George est toujours là à Vernet .

Les travaux ont été faits.

Ce bâtiment solide, clair et spacieux que les différents cultes chrétiens ont souhaité occuper, non seulement a retrouvé

sa fonction initiale, s’est ouvert sur la cité au profit de tous les Vernétois et s’est enrichi en 2019

d’un carillon de cloches anglaises (10 cloches, 261kg en do)

qu’un groupe de sonneurs britanniques et français anime désormais.

 

Madeleine  Souche

 

Notes

1 Henry Edward Manning (1808/1892) ecclésiastique anglais, archevêque catholique de Westminster et cardinal.

2 William Joseph Eastwick : Journal d’un voyage de cinq semaines dans le Midi de la France. p. 13/14/ et 27.

3 Armand Sabatier (1834/1910) d’abord médecin, il se spécialise dans l’anatomie humaine.

Premier zoologiste français à comprendre l’intérêt des techniques histologiques,

il s'intéresse particulièrement aux invertébrés des milieux marins et privilégie l’étude du bassin de Thau.

Sa notoriété et sa persévérance lui permettent de fonder la station zoologique de Sète dès 1879.

De 1891 à 1904, il est à la tête de la Faculté des Sciences, en tant que Doyen

tout en étant un chercheur productif reconnu du monde scientifique.

Fortement engagé dans le protestantisme.

André Salvador de Quatrefages (1850-1940), Vice-président au Tribunal de la Seine,

Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, alpiniste d'exploration,

premier à réaliser l'ascension du mont Vizo en 1879

et conseiller presbytéral de l’Oratoire.

4 Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts.

5 O'Connor, V. C. Scott (Vincent Clarence Scott), 1869-1945:

auteur de “Travels in the Pyrenees, including Andorra and the coast from Barcelona to Carcassonne”,

en 1913.

6 Il faut avoir à l’esprit que les opinions religieuses de R. Kipling étaient incertaines.

Son père, bien qu’issu d’une génération de pasteurs méthodistes était non-croyant.

L’archevêque de Canterbury, dans un remarquable exposé à la Kipling Society

à Burwash Church en 2006, disait que Kipling, dans un sens orthodoxe, ne croyait pas en Jésus.

“He described himself in 1908 (i.e. at age 42) as “A God-fearing Christian atheist.”

That is confusing enough; but there are half a dozen similar statements just as baffling”.

7 Le Casino avait été  reconstruit et agrandi après l’incendie du 26/01/1910.*

8 L’harmonium est ainsi un instrument où le vent est pulsé ou soufflé.

On dit qu’il s’agit d’un système foulant pour le différencier de son homologue américain,

appelé aussi "Reed Organ", et chez lequel, le vent est aspiré,

le faisant de ce fait nommer aussi "harmonium aspirant".

9-Sir Anthony Alfred Bowlby, 1er baronnet KCB KCMG KCVO FRCS était un officier,

chirurgien et pathologiste de l'armée britannique

10 Cosme Satgé s'établit à Ille où il avait épousé Françoise Balalud de Saint Jean.

Ses trois fils, nés à Ille, se marièrent tous trois à des anglaises.

Le fils aîné, qui épousa la fille d'un amiral anglais, revint en Roussillon,

acheta et restaura le château de Castelnou où il mourut en 1899.

Le second fils de Cosme, Oscar de Satgé, né à Ille en 1804,

vint s'établir au château de Thoren et y mourut en 1901 à l'âge de 97 ans.

Ses fils dont Lionel Aymar, dernier habitant du château avant la guerre 39-45

ont servi dans l'armée anglaise.

Quant au troisième, Antoine, né à Ille en 1807, il épousa une nièce du duc de Wellington,

vainqueur de Waterloo, acheta le château de l'Elysée, près de Lausanne,

ainsi que des terrains sur lesquels, s'est depuis, bâtie la ville d'Ouchy.

La descendance vit en Angleterre.

11 Herbert William BRYANS (1855-1925) .

Ses œuvres sont presque toutes en en Grande Bretagne.

Le vitrail de l’église anglicane de Vernet était de plus grande taille et a été coupé

pour être adapté à la fenêtre de l’édifice, selon le restaurateur de l’œuvre, M. Hauner.

12 Les missions pour les marins, Missions to Seamen,

sont des organisations philanthropiques financées uniquement par des dons,

créées en 1856, par Church of England.

13 Claude Aveline et Berthold Mahn Routes de Catalogne, Paul Harmann, 1932, pp. 179-180.

Claude Aveline (1901-1992) est le pseudonyme d'Eugène (ou Evgen) Avtsine,

homme de lettres, artiste peintre, critique et éditeur d'art.

Eugène Avtsine né en 1901 à Paris où ses parents, fuyant la ségrégation raciale

dont ils sont victimes en Russie, se sont installés en 1891.

L’ensemble de la famille obtient en 1905 la nationalité française.

14 Nous ignorons quelle a été la démarche de l’abbé Olive parce que

l’évêché de Perpignan n’a pas répondu aux courriers dans lesquels,

dès janvier 2011, nous lui avons demandé des informations

et ne nous a jamais permis  de consulter ses archives.

15 USPG : United Society for the Propagation of the Gospel. La SPG

est devenue USPG en 1965 quand la SPG a fusionné

avec l’Universities' Mission to Central Africa (UMCA).

16 Diocèse in Europe the 44th and fastest growing,

most geographically diverse Diocese in the Church of England.

17 L’Eglise anglicane, Church of England, qui a pour chef le souverain britannique,

est organisée en deux provinces ayant chacune à leur tête un archevêque,

l’archevêque de Canterbury pour la province du sud, l’archevêque d’York

pour la province du nord.

Les îles (Man, îles anglo-normandes, Scilly) font partie de ces provinces,

mais pas le continent européen.

Ces provinces sont divisées en 43 diocèses.

Depuis 1970, la juridiction de l’Europe centrale et du nord est regroupée

avec le diocèse de Gibraltar sous l’autorité de l’évêque de Fulham et de Gibraltar.

En 1980, ils ont constitué un seul diocèse, le diocèse anglican en Europe

qui est devenu le 44e diocèse de Church of England.

En 1997, le révérend Evans, chaplain de Saint André à Pau, (Pyrénées-Atlantiques)

reçoit un appel téléphonique de Gordon Reid, vicaire général du diocèse

lui demandant d’aller à l’autre bout des Pyrénées inspecter

et faire un rapport sur une église dont il venait juste de découvrir

que le diocèse était propriétaire.

Le changement de juridiction explique sans doute que le diocèse

n’ait pas été au courant des propriétés de la SPG.

18 Sébastien Beluze, La requalification globale du centre de Vinça, Master 1,

Université de Perpignan, 2005.

19 L'Indépendant , 21/12/2018, 19/04/2019, 9/08/2022,16/18/2022, 9/09/2022.

 

Annexe

https://www.stgeorgevlb.com/les-cloches.html

 

 

 

 

 

 

 

 


 
NARBO VIA

Musée NARBO VIA


 

 

 

Visite guidée

Mercredi 24 novembre 2021 à 10 heures 15

50 avenue de Gruissan